Communiqué de presse
Maxime Couturier
Tziganie Arena
Venus du nord de l’Inde, les Roms traversent l’Asie et arrivent en Europe au Xe siècle. Une grande partie s’installe en Europe de l’Est, notamment en Roumanie où ils représentent environ 10% de la population. Ce n’est pourtant que depuis les années 1990 que l’Europe prend vraiment conscience des enjeux de leur nomadisme.
Ce peuple nous intrigue, nous étonne, et nous dérange parfois parce qu’il nous confronte à la notion de territoire. Souvent installés à la périphérie des villes, ces citoyens européens vivent en majorité dans des habitats vétustes et des conditions difficiles.
Sur une proposition de l’ONG Médecins du Monde, le photographe Maxime Couturier s’est rendu à plusieurs reprises en 2010 sur des camps de Roms pour y rencontrer leurs occupants. De ces rencontres naît le projet de réaliser une série de photographies in situ de ces baraquements d’infortune dont la destruction est imminente. Ce ne sont pourtant pas des images de ces habitations dont nous fait part la série Tziganie Arena, mais celles d’une destruction précipitée, sinistres décors nocturnes de ce qui a été le lieu de vie de dizaines de familles.
Les photographies de la série Tziganie Arena sont la mémoire d’un moment où le temps semble suspendu avant disparition totale d’une histoire qui n’aura «jamais» eu lieu. Dans un rapport frontal et répété, le halo lumineux d’une torche électrique balaye d’un relief particulier ces paysages de désolation, et laisse entrevoir des objets familiers. Ces choix esthétiques donnent une tension émotive sans effet dramatique, et prolongent voire accentuent la dimension politique et sociale de ce projet photographique.
Discriminés dans leur pays, venus en France en quête d’une vie meilleure, dans l’imaginaire collectif les Roms suscitent diverses représentations hostiles, mais aussi celle du nomade libre qui éveille la curiosité offrant une échappatoire au modèle sédentaire occidental: «Ce qui perdure et caractérise aujourd’hui les Roms, bien plus qu’un nomadisme incessant, est cette capacité au voyage; un minimalisme des besoins doublé d’une faculté à se remobiliser collectivement, à se reconstruire ailleurs pour préserver ses intérêts les plus élémentaires.
Néanmoins, elle est loin l’image poétique du tzigane qui vit librement, itinérant à la belle saison, exclusivement dévoué à sa communauté dont il protège en permanence les secrets. Cette époque vécue et décrite par Jan Yoors n’est plus. Au rythme de la modernisation et des transformations sociales, les raisons et apparences de la mobilité ont changé. Mais nous ne savons pas y lire les signes laissés par ces familles, au fil des dernières générations, de leurs désirs de reconnaissance et d’assimilation, en réponse à un besoin de sécurité.»