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Two Cushions

Bien qu’il prétende ne jamais s’être «considéré comme un peintre, un faiseur d’objets ou de collages», ni même un «artiste conceptuel», l’artiste tchèque Jirí Kovanda répond dans son travail à cette contradiction inhérente à l’art conceptuel: documenter le geste artistique, capté dans l’unicité du moment, par des objets ou des images — faire œuvre de l’instant.

Jirí Kovanda, praticien de ce que l’on a pu nommer le «happening discret», explore depuis les années 1970 le rapport aux autres, et plus précisément la fonction de l’artiste dans l’espace public, à la recherche de nouvelles formes de relations humaines.
Les actions de Jiri Kovanda se distinguent par leur sobriété et leur poésie décalée, comme le fait d’effleurer ou de fixer du regard les passants dans la rue. Se distinguant à peine du réel, ces micro-événements, éclos dans le contexte politique difficile de l’Europe de l’est communiste, se situent dans un champ très mince, un interstice dans lequel s’immisce l’œuvre.

A l’occasion de son exposition personnelle «Two Cushions» à la galerie gb agency, Jirí Kovanda a réalisé plusieurs œuvres marquées également par la sobriété et la poésie.
Un rail miniature relie les deux espaces de la galerie par une ouverture ménagée dans le mur: au bout du parcours, surmontant une sorte de pont inachevé construit dans la salle inférieure, des coussins (cushions en anglais) accueillent la chute des wagons. Avec ironie, l’artiste aborde ici le thème de l’accident provoqué, de l’événement préparé par l’artiste pour faire surgir l’art dans le réel.

Composant une sorte de paysage métonymique absurde, le chemin de fer est associé à une branche, figurant un arbre. Posée sur un socle, la branche devient sculpture, mais cette affirmation de l’œuvre est immédiatement contredite par son fragile équilibre : seuls deux chewing-gums en assurent le maintien.
Face à celle-ci, et par opposition formelle, deux coussins, échos meurtris à ceux qui dans l’autre pièce atténuent la violence de l’«accident» ferroviaire, sont littéralement cloués au mur. La mollesse des coussins est contredite par la rigidité des clous.
A la fragile et éphémère stabilité de la branche s’oppose l’immuabilité des coussins ; au sévère format carré s’oppose la délicatesse végétale. La part de hasard qui préside à la découverte et à l’assemblage des objets fait partie elle aussi de cette poésie de l’instant chère à Jirí Kovanda. 

Jirí Kovanda
— Untitled, (Two Signs), 2008. Impression sur papier. 30 x 20,5 cm
— Untitled, (Geography), 2008. Impression sur papier. 30 x 20,5 cm
— Untitled, (Soft – Hard Cushions), 2008. Impression sur papier. 30 x 20,5 cm
— Untitled, (Two Clouds), 2008. Impression sur papier. 30 x 20,5 cm
— Untitled, (Airport Architecture), 2008. Impression sur papier. 30 x 20,5 cm
— Untitled, (Ant), 2008. Impression sur papier. 30 x 20,5 cm
— Untitled, (Short Train), 2008. Impression sur papier. 30 x 20,5 cm
— Untitled, 2008. Installation (train, rails, 2 coussins).
— Untitled, 2008. Sculpture (Branche, 2 chewing gums, socle). Environ 140 x 1000 cm.
— Untitled, 2008. Installation (2 coussins cloués). Environ 32 x 32 x 5 cm chacun.

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