Pour sa troisième exposition personnelle en France, intitulée /Z/Z/, Trudy Benson a réalisé une série de toiles abstraites qui jouent avec l’espace et les dimensions. Les motifs extrudés, peints à la bombe ou au pinceau, évoquent à la fois les carreaux d’un édredon et les premières Å“uvres cinétiques, dans un mélange ludique et régressif.
Trudy Benson. Le geste, hors des écrans
Alors que les écrans sont aujourd’hui partout et qu’on n’imaginerait plus vivre sans, c’est une petite révolution que d’en revenir à la matérialité de la toile. Trudy Benson en joue : elle cherche l’art dans le processus, dans le hasard du geste plus que dans l’Å“uvre achevée, elle fait gicler la peinture à même le tube, sur des Å“uvres en relief, pour rendre à la main, à l’Å“il, au corps leur rôle créatif.
La répétition même des motifs semble se moquer de l’infinie reproductibilité des Å“uvres numériques. Mais ces motifs géométriques répétés naissent à chaque fois d’un geste unique, de la rencontre du relief extrudé et modelé de la toile avec la peinture, parfois posée à l’impasto, directement du tube sur le tableau. Il en résulte des Å“uvres en trois dimensions, irréductibles à un écran, qui dépassent la dimensionnalité de la toile et vivent, hors du mur.
Trudy Benson. Une toile vivante
 Rien de virtuel dans ces Å“uvres : elles n’existent que parce qu’elles sont réalisées, dans la rencontre d’un instant. Et elles s’imposent au spectateur, par leur format, par leur relief, et par la vivacité de leurs couleurs qui semble ne pas connaître de limite. Ces couleurs pétantes, lumineuses, électrisent des motifs fantasques, dans une démarche qui laisse toute sa place à l’imagination et au hasard.
On y retrouve l’influence dadaïste de Jean Arp, l’art de l’équilibre et de la non-figuration des abstraits, quelque chose de la bande dessinée, le mouvement des cinétiques, et bien sûr des évocations de l’art numérique, pour un résultat inclassable, vivant, et vibrant.