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Trophées de chasse métropolitaine

PCécilia Becanovic
@12 Jan 2008

Les éléments de l’exposition « Shopping Trophies : Trophées de chasse métropolitaine » font allusion à la tradition populaire des trophées de chasse, et poursuivent les travaux que l’artiste consacre aux objet, en particulier les meubles qu’il détourne avec dérision.

Pucci de Rossi, qui aime décorer les intérieurs, se présente comme un « sculpteur d’appartement ». Ses meubles et ses sculptures sont autant de prétextes à confronter plusieurs mondes — art et chasse, tradition et contemporanéité, savoir-faire et industrie —, et à interroger l’art et les objets artistiques en général.
On songe à l’univers de l’artiste allemand Thomas Grünfeld qui critiquer l’idée (très allemande) de bien-être domestique, en relation avec la tradition des trophées de chasse et les cabinets d’amateurs du XVIIIe siècle.

L’accrochage des pièces de Pucci de Rossi — objets à la fois précieux, ludiques et kitsch — est fidèle à la tradition des trophées. Ceux-ci sont faits de savants mélanges de bois différents et de matières hétérogènes : tissus, peinture, métal, plâtre, etc. Un son particulier est accordé aux matériaux et aux finitions. Tout est stylisé et les arabesques sont volontairement transformées pour obtenir de nouvelles lectures.
Car Pucci de Rossi camoufle au sein même de la tradition du trophée et dans l’amour du « bel ouvrage », des marques commerciales. On rencontre ainsi dans les cornes du mouflon, le logo Mac Donald, et danscelle de l’élan, celui de Nike.

Ces trophées sont proches de Charm of Tradition réalisée par l’artiste Haim Steinbach, qui a lui aussi confronté tradition et industrie en posant côte à côte deux paires de baskets Nike et une lampe traditionnelle dont le pied est composé de pattes de cerfs naturalisés et d’un abat-jour en tapisserie représentant des cerfs dans une forêt.

La chasse et l’animal sont des thèmes assez répandus dans les œuvres d’artistes contemporains : Thomas Grünfeld crée des « collages » d’animaux empaillés, Valentin Carron réalise une tête de sanglier en polystyrène et résine qui pleure du vin, Pascal Bernier invente la série Accident de chasse, tandis que Christophe Touzot crée des objets hybrides : meubles et véhicules composés de matériaux contemporains (epoxy, résine, mousse de polyuréthane) et de membres d’animaux empaillés.

Ces objets sont, dans le champ de l’art, dotés d’une valeur de critique et de symptômes d’une société pleine de contradictions. En transformant des grandes marques commerciales en trophées de chasse, Pucci de Rossi répond à la mise en cause de l’art qui n’a cessé de s’exprimer tout au long du XXe siècle.

Pucci de Rossi
— Bois de gym, 2002. Bois exotique et clous dorés. 130 x 117 x 23 cm.
— Bouquetin d’atelier, 2001. Bois exotique et aluminium peint. 125 x 58 x 50 cm.
— W.I.M., 2003. Bois exotique et aluminium peint. 52 x 43 x 18 cm.
— Grand W.I.M. (Wild International Mouflon), 2003. Bois exotique noir clouté. 75 x 75 x 25 cm.
— Grand must, 2003. Bois exotique brûlé, plexi et feuille d’or. 150 x 120 x 29 cm.
— Grand cerf d’Italie, 2003. Bois exotique et aluminium poli. 115 x 70 x 40 cm.
— TEXASSKULL, 2002. Bois exotique patiné. 87 x 49 x 10 cm.
— Grand élan d’Italie, 2003. Bois exotique et tissu. 204 x 126 x 46 cm.
— Grand S.T., 2001. Bois exotique. 190 x 120 x 49 cm.
— C.D. 75, 2003. Bois exotique et dentelle. 180 x 92 x 29 cm.
— Petit élan, 2002. Bois exotique peint. 107 x 62 x 21 cm.
— Grand élan d’Atlanta, 2002. Bois exotique naturel. 303 x 80 x 24 cm.

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