Trois grandes fugues, spectacle proposé par l’Opéra ballet de Lyon, rassemble trois œuvres composées sur la Grande fugue de Beethoven, et créées par trois chorégraphes contemporaines de génération différente, que sont Anne Teresa de Keersmaeker, Maguy Marin et Lucinda Childs. Chacune d’entre elles s’est appropriée une même partition musicale pour en exprimer sur scène sa propre vision.
Trois interprétations de Beethoven
Dans Trois grandes fugues, les pièces de Lucinda Childs, Maguy Marin et Anne Teresa Keersmaker s’enchaînent et laissent ainsi apparaître une saisissante diversité d’inspiration et d’interprétation de l’œuvre de Beethoven. La chorégraphe belge Anne Teresa Keersmaker fut, dans l’ordre chronologique, la première à travailler cette pièce instrumentale. Son interprétation, peut être sombre, veut mettre en avant ce qu’elle appelle « un vocabulaire masculin, non-classique et sexuel » dans laquelle le thème de la chute est constamment présent. De fait, ses interprètes majoritairement des hommes, vêtus de noir, oeuvrant une création toute contemporaine. Maguy Marin, quant à elle, propose une autre pièce où danse et musique se mêlent et se confondent librement. Son imagination allant à sauts et à gambades, sa grande fugue est un véritablement jaillissement où les danseuses habillées de rouge bondissent, se heurtent à la musique, et se redressent, ne manquant pas de créer un contraste accusé avec la mélancolie qui se dégage de la fugue de Beethoven.
Lucinda Childs
Si les pièces de Maguy Marin et Anne Teresa Keersmaker sont au répertoire de l’Opéra ballet de Lyon depuis 2006, Lucinda Childs a été invitée par son directeur à présenter sa propre interprétation de la Grande fugue. Ainsi, le spectacle Trois grandes fugues se révèle être une confrontation de ces trois interprétations différentes. Pour ce faire, Lucinda Childs, qui a pour habitude de prêter une attention particulière aux rapports entre danse et musique précise qu’elle a « travaillé dans un dialogue constant, intime, entre danse et musique, au plus près de la partition pour comprendre la structure, analyser le contrepoint. Je ne sais pas comment faire autrement ».
Sur scène, six couples de danseurs évoluent séparément en formant duos et quatuors, ou tous ensemble de sorte que, selon l’intention avouée de Lucinda Childs, « chaque mouvement dans l’espace correspond à un mouvement précis de la composition ».