L’exposition « Still » à la Maison du Danemark, à Paris, présente deux séries de photographies de Trine Søndergaard dans lesquelles la nostalgie d’époques révolues imprègne les images. Alors que l’œuvre du maître de la peinture danoise du XIXe siècle Vilhelm Hammershøi est actuellement à l’honneur au Musée Jacquemart-André, on reconnaît l’influence de ses tableaux à l’atmosphère mystérieuse, propice à l’introspection, dans ces photographies qui représentent parfaitement le mot danois « still », évocation, sans équivalent français, du calme et du silence.
« Still » à la Maison du Danemark : photographies de Trine Søndergaard
Les séries photographiques Interior et Guldnakke de Trine Søndergaard, comme les peintures de Vilhelm Hammershøi, montrent des intérieurs vides pongés dans des clairs-obscurs, ou encore des silhouettes de femme de dos. Pleines de profondeur, ces images n’offrent aucun indice, aucune réponse mais incitent le spectateur à s’interroger sur ce qu’il voit.
Pour réaliser la série Interior, Trine Søndergaard a exploré de 2008 à 2012 des manoirs et demeures abandonnées depuis plus d’un demi-siècle. Tels des coquilles du passé demeurées intactes mais vidées de leur vie, ces lieux se prêtaient parfaitement à la réalisation de clichés dont les liens avec la peinture de Vilhelm Hammershøi sont évidents. Comme ce dernier, Trine Søndergaard exploite la palette des gris pour rendre de façon subtile et sensible les effets de la lumière naturelle et les nuances poussiéreuses du blanc ; elle fait de ces visions de pièces nues, d’enfilades de portes et d’escaliers celles d’un état d’esprit intérieur.
Trine Søndergaard,dans les pas du peintre Vilhelm Hammershøi
La série Guldnakke, réalisée en 2012 et 2013 par Trine Søndergaard, se concentre sur des coiffes traditionnelles portées au milieu du XIXe siècle par les épouses des riches agriculteurs danois. Faits de textiles dorés qui jusque-là étaient réservés à la royauté, à la noblesse et à l’église, ces attributs symbolisaient un statut social. Fabriqués par des couturières-brodeuses spécialisées, ils constituaient en même temps un exemple précoce d’activité réservée à des travailleuses indépendantes capables de subvenir elles-mêmes aux besoins de leur famille. On retrouve ainsi à travers cette série un sujet déjà abordé précédemment par Trine Søndergaard : celui du lien entre des histoire humaines et sociales et un élément particulier de garde-robe.