Frédérique Nalbandian
Trésor
Dans ce monde de plus en plus virtuel, où l’information et l’image circulent à pleine vitesse, Frédérique Nalbandian refuse les matériaux rigides, durs, compacts pour privilégier ceux qui sont doux, souples, ductiles, aisément modelables par sa main. Le plâtre, le savon, la cire ou la paraffine composent ses sculptures et ses instalaltions, enveloppent, recouvrent, découvrent, cassent, fragmentent, recomposent des morceaux de réalité, objets inanimés ou formes organiques. L’état solide, liquide ou gazeux de ces substances, fait lien entre la forme et le réel.
Ce qui frappe, le plus c’est sa mise en scène de la matière, passant du contenu au contenant et inversement.
Dans son oeuvre, nulle exigence de réduction de l’image (de la représentation), comme dans l’Arte Povera, à travers la récupération des éléments naturels, mais plutôt le désir de sauver la mémoire des formes, des objets, des actions, des gestes préexistants, tout en les remaniant dans un langage vif et singulier. Par cet acte de transformation et de partage, l’artiste et le public participent pleinement à la réaction des éléments et des événements dans une coexistence.
Frédérique Nalbandian nous restitue la capacité d’entrevoir l’existence humaine sous l’angle de la mémoire, mais aussi sa vigueur et son instabilité. C’est l’idée traduite en matière qui, passant par sa «physicisation», produit une émotion anthropologique et cérébrale.