Véra Molnar
Tremblement
«La succession monotone de carrés, de rectangles, c’est moi; les écarts brusques de la ligne de conduite suivis aussitôt de repentirs, c’est encore moi.
Mais si j’essaie d’analyser ce sentiment béat de contentement, je me rends compte que ce ne sont ni les tableaux exécutés, ni les dessins achevés que j’aime. Non je ne les aime pas ces êtres clos, si sûr d’eux; ils me désespèrent quand je ne peux plus rien ajouter, rien enlever, modifier, reconsidérer: quand l’aventure est terminée. Je me sens piégée, je pourrais en pleurer de rage.
Le pire c’est quand on a enfin réussi, lorsqu’on à élaboré une bonne «recette» et qu’on la répète, en la déclinant, tel un moulin à prière. Il m’arrive de refuser d’instinct de me considérer comme artiste, les termes de peintre, de plasticien, praticien de la communication visuelle me paraissent mieux désigner mon activité.
J’utiliserai pour simplifier le terme «image» pour désigner tout assemblage de formes colorées se déployant sur une quelconque surface (toile, papier, mur, film, écran, rideau de fumée, plan d’eau..) dont le but est de provoquer une jouissance esthétique visuelle.
La méthode des essais et erreurs a toujours été mon pain quotidien. De toutes les manières je préfère les questions aux réponses, les hypothèses aux thèses. Ce que j’aime c’est le non-fini, le devenir; j’aime les ratés d’ordinateur. Un point qui manque, ou mal placé, dans un programme peut produire des constellations étonnantes. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas pour quelles raisons j’aime le minimal, le géométrique, le concept transparent et simple, régissant le tout.» Véra Molnar, 2013.