Sur fond blanc, neuf formes rouges se déploient le long de la galerie Soufflot du Centre Panthéon-Sorbonne. La couleur rouge vif passe de cadre en cadre, comme une tache animée d’un folioscope, changeant de positionnement, de taille et de forme sur le fond blanc. Une énergie se dégage ainsi de la série : du jeu de la couleur avec les formes mouvantes nait une aspiration vers un au-delà de la perception.
Danser dans les chaines
Insérée, enchâssée dans les épais cadres baroques de la galerie, la peinture tente d’échapper à son encadrement. Intégrant les cadres massifs et statiques où se nichent ses Å“uvres, l’artiste questionne la relation de l’épanouissement de l’art à la contrainte. Si la tentation de « sortir du cadre », ou peut-être de s’y contenir, est excitante — même camouflé le cadre serait toujours présent… Jérôme Dupin propose ainsi, de façon toute élémentaire, d’explorer les possibles d’une éventuelle liberté au sein du cadre. Si cette question s’exprime dans la peinture, elle reflète une réflexion plus large, que l’on retrouve également dans ses productions vidéos (Captchapoem, 2014 : visionnable sur Vimeo).
A travers la peinture
Approximations, la peinture de Jérôme Dupin ne commande pas, ne répond pas. Elle propose, suggère, et peut-être inspire une autre vision du monde, légèrement décalée. Travioles, le bancal et l’instable sont des partis pris esthétiques et politiques. Les formes de cette série se meuvent sans repères, sans coordonnées. Elles peuvent désorienter le spectateur : qui serait, de ce fait, de traviole ? La peinture ou nous ? Recourant à des formes géométriques et à une couleur unique, Jérôme Dupin ne cherche pas le spectaculaire. La vertu de son art est de laisser de l’espace à la pensée.
Au sein de la Sorbonne Artgallery
Inviter Jérôme Dupin à exposer dans le cadre de l’initiative de valorisation de la recherche-création de l’équipe Art&Flux (Institut ACTE) situe, dans ce contexte universitaire prestigieux, son travail au cœur d’une dynamique politique, sociale et institutionnelle. Cette imbrication des dynamiques se retrouve également lorsque le citoyen Jérôme Dupin déploie, en parallèle de son activité artistique, sa fonction civile destinée à enrichir le bien commun. Il convient d’affirmer ici que cette position duale est empreinte de cohérence et apporte un fondement essentiel à la peinture qui se déploie au sein de la Sorbonne Artgallery.
Parcours de l’artiste
Né en 1956, Jérôme Dupin fait ses études d’art à la Villa Arson à Nice puis devient directeur artistique dans plusieurs agences de publicité. En 1992, il quitte tout, son travail et Paris, pour se remettre à la peinture. Ses curiosités artistiques relèvent autant de l’héritage de Duchamp et de Matisse, de Hantaï, que dans celui de l’Actionnisme viennois, de Fluxus, du Land Art, de BMPT, de Supports/Surfaces… Son travail, exposé en France et à l’étranger, est répertorié dans des collections privées et publiques. En parallèle de son activité d’artiste, il a été professeur des écoles supérieures d’art et est actuellement inspecteur à la direction générale de la création artistique du ministère de la culture et de la communication.