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Travail récent

02 Mar - 04 Avr 2011
Vernissage le 02 Mar 2011

Dans ses photographies, Chema Madoz travaille à partir d’un vocabulaire d’objets qu’il combine, retravaille, assemble, oppose jusqu’à obtenir des rencontres inattendues, où le surréalisme et l’absurde ne sont pas loin.

Chema Madoz
Travail récent

La galerie Esther Woerdehoff est heureuse de présenter les oeuvres les plus récentes du photographe espagnol Chema Madoz pour célébrer la sortie de sa monographie publiée par les éditions La Fabrica. Un soulier d’homme lacé de cheveux tressés, des gouttes d’eau qui jouent les loupes sur un alphabet typographié, un livre mis en abyme, ces photographies décrivent l’inventaire poétique d’une réalité transfigurée par le regard illusionniste du photographe sous la forme de superbes tirages argentiques virés au sulfure.

Né à Madrid en 1958, Chema Madoz découvre la prise de vue et le tirage photographique en autodidacte au début des années 1980, dans l’effervescence créative de la Movida. Reprenant des études d’histoire de l’art et de photographe professionnel en cours du soir, il réalise sa première exposition et remporte son premier prix en 1984.

Travaillant d’abord en extérieur, explorant les rapports singuliers qu’il créé entre ses personnages et leur environnement, il se consacre ensuite de façon exclusive à photographier des objets et construit au fil du temps une oeuvre reflet de son monde intérieur. Ignorant volontairement les modes de l’art contemporain, il transmet un imaginaire poétique et fantaisiste sous une rigueur formelle d’une grande cohérence artistique.

Si l’on peut hâtivement décrire les photographies de Chema Madoz comme des natures mortes, voire leur trouver des ressemblances graphiques avec la production publicitaire des années 1930, on se rend vite compte que chaque image est en fait un poème visuel.

Comme un poète assemble les mots, Chema Madoz travaille à partir d’un vocabulaire d’objets qu’il combine, retravaille, assemble, oppose jusqu’à obtenir des rencontres inattendues, où le surréalisme et l’absurde ne sont pas loin. Le photographe accumule dans son atelier des objets glanés dans les brocantes, les boutiques ou les poubelles, comme un cabinet de curiosités anodines qui attendent d’être révélées.

Les objets choisis semblent sortis d’un imagier atemporel: souliers, livres, montres, échelles, des objets qui ont été photographiés depuis le XIXe siècle. Chema Madoz les extrait de leur banalité utilitaire pour réaliser les rêves auxquels ils aspirent, défiant les lois de la physique et du réalisme: un verre d’eau se joue de la gravité, un rapporteur d’écolier devient soleil couchant et les notes de musique s’évadent du carcan de la partition.

Le photographe se fait parfois sculpteur et métamorphose les objets comme cet escarpin féminin dont on a remplacé le talon aiguille par une tour Eiffel à l’envers. Libéré de son utilité pratique, il devient symbole, sans pour autant devenir prisonnier d’une lecture unique, l’absence de légende permet au spectateur une totale liberté d’interprétation.

Chema Madoz partage ainsi son univers intime, entre un humour léger et une ironie parfois grinçante. Ses constructions poétiques, nous invitent à échapper à la banalité du quotidien par la toute-puissance de l’imaginaire, quitte à bousculer nos habitudes confortables. Comme le dit le photographe dans sa dernière monographie: «Quand je prends une photo je me sens au bord du vide car je ne sais jamais quelle sera la prochaine. Et c’est précisément cela qui me rend attrayant un travail plein de mystère et de risque et qui me met face à un nouveau voyage chaque jour».

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