Présentation
Gilles Rouffineau
Transmettre l’histoire. Contribution du design à la production des savoirs
Les six études réunies dans cet ouvrage se proposent d’apporter un éclairage sur le rôle que la conception de dispositifs graphiques, éditoriaux et muséographiques joue dans la constitution et la transmission des savoirs. Il s’agit de mettre en évidence les enjeux du design et d’interroger la place des signes, des images et du texte dans les dispositifs de transmission.
Aujourd’hui, la narration littéraire n’est plus l’unique vecteur de communication de l’historien. Déjà complété par l’image fixe, surtout photographique, puis l’image cinématographique, le récit véridique se trouve maintenant inséré dans un réseau complexe tissé par les dispositifs graphiques, visuels, sonores ou programmés, mis en scène pour l’exposition ou agencés pour l’édition numérique.
Lorsque des designers, ou des équipes pluridisciplinaires, conçoivent de tels systèmes, quel rôle y tient le design? Quelle place le spectateur se voit-il attribuer? Quelle communauté forment les utilisateurs?
Ce livre apporte des contributions, diverses et complémentaires, utiles pour préciser comment se construit la part non verbale du récit historique à travers le graphisme, les interfaces ou la scénographie d’exposition. Les choix pertinents mis en avant dans ces différentes études de cas ne relèvent pas d’une volonté de faire place à la technique nouvelle, ils sont dictés par la volonté de mettre les signes et les images au service des récits historiques insérés dans une trame de relations humaines et sociales.
«Dès les années 1960, les fiches à tri automatiques anticipent clairement les bases de données informatiques qui structurent désormais l’organisation numérique.
Dans ce contexte, comment l’histoire est-elle désormais transmise? Les textes suivants sont loin d’épuiser la question, mais ils proposent d’apporter un éclairage sur le rôle que la conception de certains dispositifs graphiques, éditoriaux et muséographiques joue actuellement dans son explicitation. Ici, l’enjeu de la transmission de l’histoire ne concerne pas directement le contexte scolaire, ni celui des manuels ou de la pédagogie, mais rencontre des recherches en histoire de l’art ou de la photographie et touche à l’histoire sociale par l’édition ou l’exposition. A partir d’études de cas qui présentent l’exploitation d’une archive dispersée, de projets d’applications numériques destinées au web, ou à un cadre muséal, et les productions graphiques d’un designer, il s’agit de mettre en évidence les questions de design et de scénarisation à l’œuvre aujourd’hui dans la conception de ces dispositifs de transmission. En dehors du livre, sur des écrans ou dans des espaces qui s’inventent, nous assistons à une redistribution des rôles entre créateurs et récepteurs de récits historiques. Quant aux outils — logiciels ou graphiques — destinés à retracer le passé, ils témoignent d’une conception de l’histoire et du temps qui interroge la place de l’écrit face à la mémoire des objets.»
Gilles Rouffineau
Avec la contribution de: Astrit Schmidt-Burkhardt, Christophe Leclercq, Sean Takats, François Cheval, Thierry Fournier, Marie-Sylvie Poli.
Sommaire
— Introduction par Gilles Rouffineau
— Astrit Schmidt-Burkhardt, «Designing History» George Maciunas, concepteur graphique d’un système visualisant les dates et les faits historiques
— Christophe Leclercq, Experiments in Art and Technology. Conception de l’archive numérique d’une organisation complexe
— Sean Takats, Le design, ça compte (Design Matters)
— François Cheval, Les dispositifs interactifs du musée Nicéphore Niépce. Des machines pour comprendre! Des simulacres pour ne pas subir…
— Entretien avec Jean-Michel Sanchez (On-Situ) et François Cheval par Annick Lantenois et Gilles Rouffineau
— Thierry Fournier, Muséographie et numérique: controverses et perspectives
— Marie-Sylvie Poli, Les médiations du savoir au musée de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration
— Version anglaise