Cecilia Bengolea, François Chaignaud
Translation de la Luxure/ Sous l’ombrelle (s’avive l’éclat de nos yeux)
Translation de la Luxure de Cecilia bengolea
«Cri de Pilaga» Film réalisé par Cecilia Bengolea et Juliette Bineau. Durée: 14 minutes.
«La beauté tôt vouée à se défaire» Film réalisé par Cecilia Bengolea et Donatien Veismann.
(…) Je n’ai jamais vue un indien de pr!s et je n’ai jamais été dans la forêt amazonienne. Mais je me souviens du poisson qu’on mangeait à la maison et que mon père pêchait dans le Rio Xingi. Il faisait de longs voyages pour aller pêcher dans ce fleuve. Il est revenu particulièrement touché lors de son premier voyage. Il était transformé. Il nous a montré des images qu’il a fait pendant ce premier séjour dans la jungle. Les traits de son visage étaient doux et il parlait avec enthousiasme et tristesse en même temps. Il était à la fois plus jeune et plus vieux. Il avait connu l’exubérence et la désolation. Il avait apporté beaucoup de poisson. On a eu du poisson pendant des mois et des mois. Puis j’ai dit à Cecilia qu’au Brésil il n’y a pas de tigre, alors que, habillée en geisha tibétaine, elle fait sortir un tigre de sa bouche dans une espèce de rituel comme un tantrisme baroque. Dans un érotisme sacré, Bengolea apparaît comme une déesse multigenrée et multiorgasmique — pas comme les garçons humain et leurs sexes mous. Où sommes-nous? Peu importe. Brésil-Asie est une puissance érotique multiraciale, Brasiatique. Que veut-on de plus? Je tourne les yeux ou mieux je tends l’oreille vers le Cri de Pilaga et là , l’ascension prend un sens spirituel. Mais c’est peut-être aussi une question posée au Brésil, à son urbanisation, à sa quête spirituello-politico-écologique. Ce film là n’est pas érotique pour moi, mais plutôt écologique, il parle d’un milieu, d’un environnement sur la sensualité. Erotique anthropophage et sacrée. Descente finale, retour au monde humain, ce n’est pas une punition ici, retour au Brésil qui continue sa construction, qui continue à grandir. On peut se demander alors quelle place est accordée aujourd’hui à ses mythes ancestraux, à cette spécificité de sa sensualité christiano-anthropophago-érotique. Indépendants entre eux, les deux courts-métrages relèvent de la poésie, de la rêverie, des échanges de fluides corporels — qui ne sont pas des privilèges de ce pays mais ont été ici associés au Brésil, raffiramnt la vocation de ce dernier à faire fantasmer. Tupi or not Tupi ce n’est plus la question.
Fabricia Martins à partir d’un dialogue avec Cecilia Bengolea et Ninon Prouteau
Sous l’ombrelle (s’avive l’éclat de nos yeux)
François Chaignaud, Benjamin Dukhan, Jérôme Marin
Durée: 50 minutes
Les bouches emplies de mélodies légères, de couplets terribles et d’airs oubliés, François Chaignaud, Benjamin Dukhan et Jérôme Marin, accompagnés de trois musiciens, s’affrontent, spécialement pour le garage de la ménagerie, dans un catch antique de filles-fleurs en devenir.
Chiennes, rescapées, reines, autochtones, mutantes, ils intoxiquent leurs corps de l’incandescence troublante de ces chants d’amour révolus dont le charme embarrassant vient illuminer notre présent, ses angles morts.
critique
Translation de la Luxure/ Sous l’ombrelle (s’avive l’éclat de nos yeux)