Au vu de leur fonctionnement déjà extrêmement précaire, ces nouvelles restrictions menacent de fragiliser durablement nombre des 31 lieux membres du réseau Tram.
De statuts et de tailles différentes, disséminés aussi bien à Paris qu’en banlieue, tous sont aussi les acteurs d’une économie de travail portant sur les enjeux politiques et intellectuels d’un soutien et d’une diffusion de l’art contemporain qui se différencie d’autres modèles, notamment de celui du marché de l’art.
Rappelons que le budget des arts plastiques ne représente que 8,76 % du budget alloué au programme création par le Ministère de la Culture et de la Communication pour 2012, soit moins de 1 % du budget total de ce Ministère, lui-même constamment inférieur à 1 % du budget de l’Etat depuis de longues années.
Rappelons aussi qu’aucun statut spécifique n’existe pour les artistes et les professionnels de l’art contemporain, dont beaucoup sont en grande précarité.
Les crédits déconcentrés de l’Etat dévolus à l’action culturelle et territoriale des lieux d’art contemporain en Ile-de-France ont été nettement réduits ce qui conduit à annuler nombre de projets en direction des publics défavorisés.
L’incohérence et la versatilité des procédures remettent en cause l’exécution de missions pourtant définies par l’Etat et les collectivités territoriales.
En Région Ile-de-France, le financement accordé à l’aide à la création et à la diffusion des arts plastiques est en baisse effective alors que le budget global de la culture est renforcé.
Pourtant, les lieux de tram ont su faire preuve de leur indispensabilité. Tous sont pleinement engagés dans le soutien à l’émergence d’une scène française contemporaine et dans l’accès du plus grand nombre à la création plastique de notre époque. En un an, ils représentent plus de 180 expositions, 1 200 000 visiteurs, 1415 artistes exposés, 831 œuvres produites, plus de 6500 actions de médiation au sein des expositions ou hors-les-murs dans l’espace public ou en milieu scolaire, hospitalier, carcéral et sont au quotidien des « lieux ressources » pour les établissements d’enseignement et pour les réseaux associatifs locaux.
«Défricheurs», compétents et aptes à repérer les formes artistiques nouvelles, les membres de tram ont souvent organisé les premières expositions institutionnelles d’artistes qui aujourd’hui comptent sur la scène artistique nationale et internationale. Par la médiation, ils constituent un réseau actif auprès des publics. Ils participent à l’effort de démocratisation dans l’accès de tous à l’art et à la culture et sont les acteurs d’une réduction de la fracture artistique et culturelle.
Réseau de structures, réseau de projets, Tram se veut solidaire, ouvert, compact et exemplaire. Ses 30 années d’existence résonnent aujourd’hui comme autant d’énergies cumulées et déployées par ce réseau qui participa à l’émergence d’un nouveau rapport à l’art contemporain porté aussi par 30 ans de FRAC, 30 ans de centres d’arts, 30 ans d’affirmation, d’essor et de développement de politiques éducatives, de politiques d’accompagnement des publics, de mises en œuvre de résidences artistiques, d’aides à la création et à la production d’œuvre, de politiques d’acquisition, de politiques d’édition et de partage des expériences et des savoirs.
— Tram demande la levée du gel budgétaire et le renforcement de l’ensemble des moyens consacrés à la création plastique.
— Tram dénonce l’inadaptation des outils de soutien à l’action territoriale et leurs modalités de mise en œuvre.
— Tram demande que soit intégrée la nécessité de pérenniser et développer les lieux existants sur le territoire dans la réflexion sur le Grand Paris et que les projets menés par les professionnels à l’échelle du territoire régional soient soutenus à la mesure de leur ambition.