Communiqué de presse
Jean-Marc Musial
Trait pour trait, dialogues avec Jacques Dupin
Jean-Marc Musial pour sa première exposition personnelle, présente à la Galerie E.G.P ses dessins issus d’un dialogue avec la poésie de Jacques Dupin.
Le dessin de Jean Marc Musial, réalisé à la plume et à l’encre de chine à main levée fut longtemps la part secrète et occulte de ses autres pratiques artistiques, théâtre, cinéma, installation.
Depuis quelques années son trait s’est affranchi de la mise en scène, la feuille Ingres est devenue espace mental, image, manière noire. Sa pratique du dessin est uniquement constituée d’encre noire, de becs de plume et de feuilles. Ligne d’exigence et de radicalité, moyen d’expression simple et direct où il trouve sa liberté d’être et d’exprimer.
La première rencontre de Jacques Dupin, en dehors de son œuvre poétique, fut à l’occasion d’une lecture que le poète donnât de La Folie du jour de Maurice Blanchot en septembre 2007 au Petit Palais à Paris. Musial a alors imaginé de retranscrire avec sa plume l’émotion si particulière alors ressentie, en réalisant un dessin: Dos de Blanchot.
En concentrant son trait sur l’écriture de Jacques Dupin, il s’est posé la question de l’art sous l’angle double de la poésie et du dessin. Ses premières expériences furent Le corps clairvoyant qui est un recueil rassemblant plusieurs corps de poèmes (1963-1982).
«La feuille déchirée pour lumière
sur le sol consolidé
nous marchons» – Ou meurtres. J. Dupin
Il a ainsi modelé le trait en donnant un corps à la lettre mais aussi en la faisant totalement disparaître: il a posé par moment le poème à côté de sa feuille et l’a retranscrit de manière abstraite et secrète tout en gardant un attachement à la figure, au visage, ce qui n’empêche pas la non représentation. Musial comme Dupin restant de toute façon tentés par l’irreprésentable.
Sans croquis, à main levée, Musial cherche à sortir du cadre sans déborder de sa feuille, cherche une profondeur sans aucune perspective, cherche une lumière à l’encre noire. Au coeur d’un noeud de contraintes, d’un cadre qu’il s’impose, la poésie de Jacques Dupin s’immisce.
«Ce que je vois et que tu tais m’épouvante.
Ce dont je parle, et que j’ignore, me délivre.
Ne me délivre pas.
Toutes mes nuits suffiront-elles à décomposer cet éclair ?
O visage aperçu, inexorable et martelé par l’air aveugle et blanc !» – Lichens. J Dupin
(“That which I see, and do not speak of, frightens men. What I speak of, and do not know, delivers me. Does not deliver me. Will all my nights be enough to decompose this bursting light ? O inexorable seen face, hammered by the blind white air !” Lichens J. Dupin. Traduction Paul Auster)
Lire un poème, se le réciter intérieurement, ou regarder un dessin en s’abandonnant aux lignes de force ce n’est pas le même processus: lecteur ou regardeur ? Il a alors confronté son travail au poète, ce qui fut là l’objet de leur première vraie rencontre. L’apprivoisement par l’équilibre fut leur réponse. Il faut accéder à la simultanéité et trouver les points de fusion qui sont forcément dans l’imagination du regardeur.
Tentant «une expérience de la totalité, fondée dans le futur et expiée dans le présent», Musial cherche là où cela n’existe pas encore et crée dans l’immédiateté face à la feuille, au vertige d’un blanc. Donc écrire le dessin et dessiner le poème est un désir absolu inatteignable, du domaine de l’irreprésentable.
Vernissage
Samedi 13 mars 2010. 18h.
Lecture des poèmes de Jacques Dupin au cours du vernissage en présence de l’auteur.