Reverend Ethan Acres, Maurizio Cattelan, Richard Fauguet, Richard Jackson, Mike Kelley, Bertrand Lavier,Guillaume Leblon, Jonathan Meese, Philippe Ramette, Jean Sabrier, Peter Stämpfli, Jessica Stockholder, Jean-Paul Thibeau, Rosemarie Trockel, Kelley Walker
Trahison
«Trahison» n’est pas une exposition historique ni thématique. Privilégiant une forme spéculative, les œuvres de la collection du CAPC, complétée par des dépôts et des prêts, proposent un parcours jouant sur des ambiguïtés d’interprétation (de sens). Les artistes utilisent des stratégies de présentation perturbant le regard jusqu’à remettre en cause la nature même de l’œuvre.
L’exposition s’ouvre sur Jean Sabrier et Richard Fauguet qui, héritiers de Dada et de Marcel Duchamp, développent un questionnement autour du sens et du statut de l’œuvre. De part et d’autre de cet espace pivot, viennent s’articuler les œuvres présentées dans les deux galeries du rez-de-chaussée.
Pour Bertrand Lavier comme pour Richard Jackson, la peinture reste une préoccupation centrale et c’est probablement lors de sa confrontation avec des objets usuels qu’elle prend véritablement son sens. Tous deux cherchent à effacer les limites qui matérialisent les différentes catégories artistiques : Lavier recouvre de peinture argentée les restes d’un pylône électrique, Jackson élabore des installations où la machinerie n’a d’autre objectif que de permettre au propre comme au figuré, une «expansion de la peinture».
Guillaume Leblon fait apparaître un nuage de fumée sous un mur, évocation probable d’un départ d’incendie, du début d’une histoire ou d’une capacité à renouer avec l’idée du décor.
Jonathan Meese explore l’univers des mots et des images, produisant une peinture saturée de références allant de la bande dessinée au cinéma, d’Orange Mécanique à Conan le Barbare. Le Révérend Ethan Acres dévoile la nature sataniste des maquillages des quatre membres du groupe de hard rock Kiss.
Rosemarie Tröckel et Mike Kelley analysent les idéologies véhiculées par différents codes culturels populaires alors que Richard Fauguet s’approprie et détourne des icônes de l’histoire de l’art contemporain en ombres chinoises en papier Venilia. Jean-Paul Thibeau installe des récits tirés de rencontres humaines et culturelles et convoque des objets qui hiérarchisent différentes activités classées par un lexique définissant ses méta-activités.
Quant à la sculpture formellement minimaliste de Philipppe Ramette, elle révèle à quel point notre regard est engagé dans la compréhension d’une œuvre et comment il peut être dupé.
«Trahison» s’envisage comme une manière de réagir à une crise de l’expérience sensible avec des oeuvres explorant le champ de l’étrange ou de l’extravagant, une forme baroque où les œuvres font indice.