Les guitaristes femmes, on en connaît quelques unes — Sara et Maybelle Carter, Memphis Minnie, Wendy Melvoin, Allison Robertson, Sister Rosetta Tharpe, Jennifer Batten, Sue Foley, etc. —, donc on n’est pas vraiment surpris en voyant la jeune personne en minijupe monter (ou plus exactement, étant donnée la configuration de la salle, descendre) sur une scène voilée, embrumée, opacifiée à coups de fumigènes pour s’emparer d’un instrument autrefois considéré comme phallique, donc de préférence réservé aux hommes, une Fender électrique, avant d’en sortir des sons répercutés par une chambre d’écho, des glissandi au moyen d’une sorte de bottle neck électronique et des riffs en veux-tu en voilà tout à fait corrects.
La danseuse, en top d’un vert éclatant, pantalon noir et chaussures à talons, a peu ou prou le même profil, pour ne pas dire «format», que la musicienne, un gabarit assez voisin. Elle est, en outre, douée de photogénie… Mais on est venu pour autre chose. Quoi exactement? On ne saurait le dire. En tout cas pas pour un show case constitué de deux ou trois chansonnettes marmonnées en yaourt, d’une série de contorsions pas toujours savantes, en aucun cas virtuoses, consenties comme ça, en passant — aux innocentes les mains pleines! —, quelques demi-tours et quantité de poses pour magazine de mode.
Une panne électrique vient casser l’ambiance au moment où celle-ci commençait, plus ou moins, à s’installer. La surchauffe du secteur cueille à froid les deux jeunes filles qui peinent — ne les accablons pas outre mesure — à relancer la machine.
Cette exhibition pop n’est pas désagréable, loin s’en faut, mais on est sevré de matière dansante et, surtout, de nouveauté. On ne parle même pas de l’urgence ou de la nécessité impérieuse qui a poussé ces jeunes pousses encore un peu tendres à se produire sur scène avec, somme toute, autant de… légèreté.
Conception et interprétation
Christelle Séry, Sarah Degraeve