Communiqué de presse
Marie Boissel, Dominique Lucci, Richard Artschwager, Harrel Fletcher, Seton Smith
Toute ressemblance avec des faits réels…
« Toute ressemblance avec des faits réels… » La formule annonce la nature fictionnelle du récit. À travers cette manifestation, et dans le cadre de sa thématique « habitants et territoires », l’association Les Moyens du Bord interroge la façon dont le regard scénarise, réinvente ce qui s’offre à lui.
Cette conversation entre le témoin (ici, l’artiste) et son environnement (naturel, humain) se déploiera sur deux conversation entre le témoin (ici, l’artiste) et son environnement (naturel, humain) se déploiera sur déploiera sur deux communes du Pays de Morlaix, avec l’idée d’un écho entre des propositions et des lieux, un parcours entre territoire réel et paysages inventés.
La chapelle Saint-Mathieu à Morlaix accueillera les travaux de Dominique Lucci, plasticien grenoblois, et de Marie Boissel, artiste installée près de Nantes.
Dominique Lucci, à travers un art combiné du dessin et de la flânerie, complote des fantaisies raisonnées, à même le mur ou sur de grands papiers, témoignant de fables authentiques nées de ses promenades. En amont, l’artiste sera accueilli en résidence à Morlaix, afin de glaner le matériau narratif nécessaire aux œuvres qu’il réalisera spécialement pour le lieu d’exposition.
Marie Boissel, quant à elle, interroge l’espace urbain, ses architectures, mouvements et combinaisons, recompositions… Le travail alternatif du photomontage et de l’animation vidéo pose, de plus, la question de la permanence de la vision et de sa mémoire, pour nous inviter — finalement — en des lieux insituables.
L’animation intitulée Probables déroule ainsi une suite de transformations d’un même panorama, par des phénomènes d’apparition, disparition et agrégat. Une lecture cyclique de ces bouleversements tend à y gommer l’éventualité d’un paysage de départ, bien réel, au profit de possibles tout aussi vraisemblables.
La Chapelle Christ de Plougonven, nouvellement réhabilitée en espace d’exposition, abritera un ensemble de pièces appartenant à la collection du Fonds régional d’art contemporain Bretagne, partenaire de la manifestation.
La formule, par laquelle un auteur se défend d’avoir représenté des personnes ou des lieux réels, n’est plus aujourd’hui employée stricto sensu. Au contraire, elle peut être mise en exergue pour attirer l’attention sur une soi-disant fiction qui ne leurre personne.
Concernant les artistes, la mise en garde rappelle que les allers-retours entre fiction et réalité sont bien souvent au cœur du processus créatif, y compris et surtout pour l’image photographique dont on sait qu’elle n’enregistre que la matérialité des choses. Ce qui n’empêche évidemment pas de l’utiliser comme matériau pour créer de l’illusion.
Herodias/Hostess, l’œuvre de Richard Artschwager est emblématique de cette manière de procéder. Situations et expériences déterminent sa démarche, non pas comme des opportunités donnant naissance à des idées mais comme aboutissement de recherches.
Il met en œuvre une véritable stratégie de perception et s’ingénie à dénaturer contenu et contenant, jouant avec les frontières qui séparent les œuvres d’art et les objets utilitaires.
Seton Smith, quant à elle, affirme son refus de l’image simplement documentaire en travaillant la prise de vue, souvent floue, et le cadrage.
C’est le cas ici avec Untitled, Parcours privés, dont le format et la présentation renversée perturbent la vision d’un arbre dont on ne sait plus s’il s’agit d’un tronc penché ou d’une branche photographiée sous la frondaison.
En filmant divers participants pour réaliser des vidéos, Harrel Fletcher se veut au plus près de la réalité humaine. Cependant, dans Hello There Friend, le geste répétitif des mains présentant tour à tour divers objets anodins revêt une importance troublante entre simple jeu et sorte de rite.
Entre démonstration et appel muet. L’artiste finit par bâtir un récit dont le commencement et la fin nous échappent, comme s’il tentait finalement de brosser l’histoire d’une humanité.
Contrairement à cette ressemblance qui ne serait que fortuite, ces artistes ne laissent rien au hasard pour mieux offrir au spectateur la faculté de réinventer des lieux et gestes quotidiens.