Communiqué de presse
Grégoire Bergeret, Guillaume Brissaud, Jean-Marc Chapoulie, Serge Comte, Alexandre Costanzo, Clôde Coulpier, Fabrice Croux, Rémi Dal Négro, Stéphane Déplan, Laurent Faulon, André Fortino, Séverine Gorlier, Elise Grognet, Thomas Jeames
Tout
Dans « Tout » chaque artiste expose une oeuvre et une seule, et chaque oeuvre est choisie parce qu’elle contient tout du travail.
Avec les oeuvres exposées, tout se passe comme si, à chaque fois, nous nous trouvions encore et toujours avant le Big Bang. Comme si nous étions en face de l’univers avant qu’il ne commence son expansion; à ce moment qui, s’il n’est pas un début dans l’infinité du temps, correspond à un rassemblement, une condensation, un moment où tout est là – le passé, le présent, le futur.
L’exposition « Tout » se présente comme ces synchrotrons construits pour observer la matière primordiale de l’Univers: un outil pour tenter de regarder ce qu’il en est quand nous avons « tout » sous les yeux, tout en face de nous, tout devant le corps; quand nous tentons un regard impossible.
L’exposition n’a pas de scénographie particulière: elle met simplement, objectivement, les oeuvres les unes à côté des autres en leur donnant la place de se déployer et de se présenter au spectateur. Elles ne sont pas particulièrement mises en scène donc, et elles assument de se présenter comme cela, seules,
frontales, car il est vrai que ces oeuvres n’ont besoin de rien puisqu’elles sont « tout ».
Ces oeuvres sont en quelque sorte suffisantes. Mais dans le même temps, et c’est la fragilité voire l’échec programmé de cette exposition, leur « suffisance » est intenable: elles ne sont pas suffisantes comme on le dit de l’arrogance; elles tremblent, et le tout qu’elle cherche à tenir s’échappe, glisse et fuit.
Qu’est-ce que ce « tout », donné par un bloc de béton contenant de la colle fondue (Richard Monnier)? Qu’est-ce que le tout d’une simple image peinte (David Lefebvre)? En quoi une photographie de léopard (Ingrid Luche), un modeste carton rempli d’eau (Laurent Faulon) ou une boule de patafix (Clôde Coulpier) donnent-ils « tout » d’une oeuvre?
Ces oeuvres sont proposées par des artistes dont le travail, passionnant, donne envie de connaître le tout. Et même si cela est impossible, même si notre regard ne parvient pas à soutenir cette vue, et même si ce vertige fait peur, il faut essayer. Il faut le faire « pour voir »: c’est un bon point de départ lorsqu’il s’agit d’art, non? Même si (surtout si) la totalité est un monstre.