Juliette Mogenet
Tous les crétois sont des menteurs
C’est Epimenide qui le dit. Epimenide est crétois. Alors, Epimenide est un menteur? S’il ment, il dit la vérité. Et s’il dit la vérité, c’est qu’il ment. La logique tourne en boucle. C’est le plus ancien des paradoxes.
En parallèle de ce projet d’exposition, il y a la lecture de Douglas Hofstadter, Godel , Escher, Bach, les brins d’une guirlande universelle. Ce livre a marqué les sciences cognitives dans les années 1980. Le chercheur américain y cite Epimenide et décrit le fonctionnement de la pensée comme une boucle étrange, autoréférente, s’enroulant sur elle même à l’infini.
Imprégné de cette vision d’une pensée en boucle, l’ensemble des photographies et dessins présentés à la galerie de Roussan forme un système mis en abyme. Les éléments de réalité et de fiction y coexistent, renvoyant les uns aux autres sans hiérarchie. Archives personnelles, photographies du lieu d’exposition, documentation du projet lui-même. Une promenade mentale en huis-clos dans un jardin de reflets.
Le travail de Juliette Mogenet se lit comme un développement dans le temps d’une même pensée sur l’espace, lequel apparaît par bribes pour mieux se défaire.
Dans le prolongement d’études universitaires en sociologie, sa recherche plastique développe un questionnement sur la pluralité et l’instabilité des représentations du réel. On y perçoit des espaces ouverts à tous les vents, des portes qui n’en sont pas, des sols en damier qui mènent au vide. A la frontière entre le lieu réel et le paysage mental, s’ouvre un espace de distanciation et de réflexion.
Juliette Mogenet a remporté le prix Fid en 2013. Elle a aussi participé à plusieurs résidences, notamment à la Commanderie de la Villedieu et à la Ferme du Mousseau, et collaboré à des projets chorégraphiques et de mise en scène.