Le festival «Les Printemps de Haute-Corrèze 2016» a pour vocation de fédérer des structures culturelles autour d‘un thème choisi. Les thèmes abordés par les Printemps s’organisent alternativement autour d’un pays et d’un thème plus général. L’édition 2016 est consacrée à la Belgique dans toutes ses dimensions historiques, culturelles ou culinaires. La Belgique est-elle le pays qui n’existe pas – un pays par défaut comme en produit parfois l’Histoire – ou bien est-ce un état bel et bien porté par une identité particulière, une belgitude irréductible ? Ce qui est certain c’est qu’elle recèle de particularités, d’une richesse d’expression et de créations – porté par ce ton ironique et revigorant bien à elle –, qui fascinent les français.
C’est cet état d’esprit qui est représenté et mis à l’honneur dans l’exposition «Tous belges», qui dévoile et entremêle des œuvres à la poésie cinglante, à l’autodérision carnavalesque, maniant absurde et humour dans le droit fil d’un Marcel Broothearts, d’un Wim Delvoye, ou d’un Panamarenko, pour ne citer qu’eux, dont l’influence sur les générations plus jeunes persiste.
Dans «Tous belges», on découvre entre autres le travail de Pascal Bernier, qui développe une œuvre déroutante et polymorphe relevant à la fois de la nature morte et de la vanité, de la taxidermie et de l’art mortuaire. Pansés, bandés, empaillés ou écorchés, l’artiste met en situation des animaux via la photographie, les installations, la sculpture et la vidéo.
Honoré δ’O quant à lui explore un langage plastique pluridimensionnel. Avec des objets au départ insignifiants, glanés par-ci par-là , il se lance dans des compositions prenant des allures de sculptures complexes qui s’inscrivent dans l’architecture environnante. Le tout s’emboîte comme des poupées gigognes, les objets vont et viennent, déploient leurs tentacules ou se replient sur eux-mêmes. L’artiste traite le moindre bout de tuyau plié ou calciné comme un objet précieux. Il ne fait aucune distinction de valeur.
Comme une danse macabre, les rêves et les chimères de Thomas Lerooy se balancent au rythme d’une joyeuse frénésie. Monstres, squelettes et autres créatures hybrides peuplent un univers graphique et sculptural situé à la croisée du symbolisme et du surréalisme. À ce contenu allégorique et lourd de sens, s’additionne une malice permanente aux origines toutes aussi belges qui, de Brueghel à James Ensor, a toujours préservé l’art belge de trop de noirceur.