Nicolas Muller
Tourelles – Règle blanche
Compulsif, débridé, chaotique, irrationnel, subjectif, aléatoire, sensible, étouffant, violent, libre, brutal, expansif, explosif, maitrisé, rationnel, froid, objectif, cloisonné, rectiligne, distant, contrôlé, structuré, encadré, contraignant, rigoureux, sévère: ainsi a-t-on qualifié le travail de Nicolas Muller.
Depuis ses premiers dessins jusqu’à ses installations les plus récentes, un équilibre se construit indubitablement dans chacune de ses réalisations. Une dualité inhérente à sa pratique qu’il qualifie lui même comme «presque schizophrène, comme si j’avais deux déguisements pendant le travail en atelier: le premier serait le Latin sanguin, un peu farfelu et ivre, le second serait le scientifique ou le mathématicien en blouse blanche, intervenant de manière appliquée avec son double-décimètre».
Titre emprunté au domaine de l’architecture et de l’ingénierie militaire, «Tourelles» dévoile à travers un nouveau corpus d’œuvres les préoccupations de l’artiste pour les notions de limite, de périmètre, de bordure, de frontière. Parmi les œuvres exposées, une nouvelle série de cinq dessins sur papier, une installation murale ainsi que la première vidéo de l’artiste From the Gutter sont à découvrir.
Pour «Règle blanche» à l’espace Short, la contrainte semble être de rigueur. Nicolas Muller déploie deux peintures murales noires et blanches, exécutées selon un protocole établi par l’artiste. Intitulées Règle blanche I & II, elles se composent d’une série de motifs, une partition construite à partir de cercles et de rectangles. Une sculpture, suspendue, verrouille l’ensemble.
Texte de Rebecca Lamarche Vadel, 2012:
«Dans chaque pièce de Nicolas Muller semble se tenir le procès en cours d’une tentative de fuite non préméditée. Les éléments à charge manquent, mais les parties s’affrontent et se confrontent au sein des dessins, sculptures et installations.
Nicolas Muller nous conte ainsi des histoires, nous suggère une intrigue, propose les résidus d’un instant décisif, la poésie d’un espace de liberté.
Nicolas Muller a grandi dans la région de Metz, sa maison familiale jouxtant l’association peu probable d’un centre de détention pénitentiaire et d’une forteresse de Vauban.
L’enfermement semble être une donnée biographique constitutive chez l’artiste, dont le travail sonde en permanence les possibilités et hypothèses de l’échappatoire face à son encadrement. Les territoires et les légitimités se toisent, s’appré¬cient, se mesurent, dans un travail qui examine les voies de la dissidence douce, les éventuelles oppor-tunités d’émancipation de l’homme face à la rigueur des cadres et des prescriptions du monopole de la violence légitime.»