Communiqué de presse
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Au moyen de photographies et d’installations multimédia, Xing Danwen se fait le témoin privilégié des profonds bouleversements économiques, politiques et sociaux de la Chine.
Deux notions semblent irriguer son œuvre : l’idée du développement postindustriel du monde asiatique et celle corollaire de l’entassement. Entassement des matériaux technologiques, des infrastructures, des immeubles, et des corps en un magma que l’œil ne peut embrasser en un seul regard. Si la Chine se développe, c’est pour Danwen de manière verticale, par strates d’avancées technologiques et par cubes de béton ajoutés en hauteur sur les villes.
Ses Urban Fictions sont des photographies des maquettes du plan d’urbanisation de grandes villes modernes chinoises. Jonglant entre l’irréalité ludique de la maquette et la réalité de son implantation urbaine, l’artiste interroge les bouleversements spaciaux des cités chinoises. Mais ce n’est pas seulement cet aspect urbanistique qui l’intéresse. Invisible au premier coup d’œil, un regard prolongé révèle l’existence d’une véritable comédie humaine qui se joue sur ces scènes urbaines. Le couple enlacé, les enfants s’amusant dans la rue, l’amant fuyant le mari trompé, l’accident, le meurtre… Le quotidien a déjà envahi ces espaces encore à l’étape de projet. L’artiste construit une réalité fictive archétypale noyée dans ces grands ensembles. Pour détourner un peu plus l’enjeu, c’est son visage qui anime chaque personnage féminin. À chaque photographie, elle s’incarne différemment : l’épouse aimante, la femme fatale, la bimbo prenant un bain de soleil… Danwen est à la fois toutes les femmes chinoises et aucune.
Dans ce théâtre de fiction, la vie est certes présente mais engoncée dans le géant de béton que devient peu à peu la ville. Si les maquettes sont le reflet d’une réalité en devenir, les saynètes elles sont fictions. Mais dans un futur proche, ce sera la ville qui deviendra le cadre irréaliste de ces drames journaliers. Xing Danwen reprend alors, non sans une certaine malice, ce rôle de visionnaire traditionnellement accordé à l’artiste.
Pour la première fois présentée en France, la série Wall House s’immisce dans l’univers de l’architecte John Hedjuk. L’artiste révèle de vastes espaces blancs telle une galerie d’exposition où s’affaire une femme. Solitude, déplacement et isolement transparaissent de ces photographies.