Communiqué de presse
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Après sa série Los Angeles Portraits, Roland Fischer montre de nouveaux Pool Portraits réalisés en Chine. Si l’apparence visuelle et le choix des modèles restent similaires, ce nouveau travail est autant un approfondissement de la précédente série qu’un renouvellement exemplaire de sa pratique artistique.
Fischer s’intéresse à la Chine depuis de longues années comme en témoignent les nombreuses Façades qu’il a réalisées dans ce pays. Dans les nouvelles images, les épaules émergeant de l’eau, les visages se détachent singulièrement sur le fond turquoise dans une composition sans repère. Les modèles apparaissent dans une frontalité sans pose, les yeux fixes, tournés vers l’objectif sans pour autant le regarder. Ces figures ont «une surprésence physique mais comme une absence au monde».
Pourtant sans retouches, les portraits sont séparés de la réalité. Médium documentaire par excellence, Roland Fischer utilise la photographie afin de déréaliser ce qu’il emprisonne dans son objectif. Longtemps peintres et sculpteurs ont tenté de saisir l’expression de vie dans leurs portraits, Roland Fischer lui leur confère l’irréalité. Ils ne possèdent pas le hic & nunc inhérent au genre photographique. Les modèles paraissent inscrits de manière intemporelle dans la masse colorée qui les entoure. Ces monochromes qui forment l’arrière-plan des photographies ne sont pas de simples habillages, mais un réel environnement qui participe de la construction du langage visuel propre à l’artiste.
Ce fond d’une grande complexité technique, notamment pour supprimer tous reflets à la surface du liquide, n’est pas sans rappeler les procédés de surimpressions graphiques utilisés par l’artiste pour sa série Cathédrales. Il contribue à l’isolement des corps flottant à la surface. Plutôt que de renseigner sur l’identité du modèle, fonction traditionnellement accordée au portrait, Roland Fischer exprime la solitude de l’existence.