Sergio Moscona
Toros
L’exposition «Toros» présente un ensemble d’œuvres inédites réalisées par Sergio Moscona en 2014. Le mythe du minotaure, dominé par ses pulsions instinctives, entretient des rapports étroits avec la tauromachie. En effet, le minotaure, figure sauvage et archaïque, est un monstre mi-homme, mi-taureau, enfermé dans un labyrinthe tout comme le taureau dans l’arène.
La relation homme-taureau est ambiguë. L’homme s’investit dans l’animal et l’animal sévit dans l’homme. Au risque de se perdre et de perdre les autres, l’homme va tenter de maîtriser les passions dévorantes qui le rongent en tuant la bête qui vit en lui.
Quelle est donc l’image que donne à voir l’artiste à travers cette thématique? Sergio Moscona présente le spectacle de la corrida sous un angle tragique, voire tragicomique où torero et taureau sont le jouet de spectateurs exaltés et «ensanglantés».Il dresse le constat sombre d’une arène où les spectateurs apparaissent «rouges» du sang qu’ils auront bientôt sur les mains.
Il va jusqu’à représenter l’arène de la corrida comme une piste de cirque où se joue un spectacle dérisoire et cruel: le taureau apparaît comme un équilibriste brandissant le poignard qui l’achèvera, perché sur les épaules du torero pour tenter de séduire un auditoire criminel, plus assoiffé de sang que les protagonistes qui s’affrontent.
Son empathie existe aussi bien pour le torero que pour l’animal. Il déplore la perte de la vie, qu’elle soit humaine ou animale. Il montre le tragique de la mise à mort et représente homme et taureau vaincus côte à côte, apaisés dans leur ultime sommeil.