La galerie Topographie de l’art accueille treize artistes dont les recherches plastiques s’orientent sur différentes formes de la lumière. Par la photo, l’installation, la vidéo, la sculpture et la projection comment abordent-t-ils la matérialité de la lumière elle-même ?
Entre art et sciences
Dans le parcours de l’exposition « Topographies de la lumière » la lumière n’est pas un élément technique ou expressif utilisé pour éclairer des œuvres ou des objets, c’est au contraire les œuvres qui prennent la lumière pour objet et pour matériau.
L’installation Mars de Félicie Estienne d’Orves modélise la durée du parcours de la lumière qui, de la planète Mars à la Terre varie de 3 à 22 minutes selon le moment de l’année. L’étude, programmée jusqu’en l’an 3000, est figurée sous la forme de barres d’acier longues d’un mètre, qui donnent à l’œuvre une dimension prospective.
Cette temporalité sidérale est mesurée à partir des éphémérides de la Nasa avec la collaboration de l’astrophysicien Fabio Acero. Dans ce cas, le rapport à la lumière est plus celui de la science que de l’esthétique picturale.
Lumières de passage
Quant à l’installation Corner Piece de Christoph Dahlhausen, sa structure est proche d’un échafaudage sur lequel sont fixés des néons dont les variations d’intensité de leur éclairage traduisent le passage du jour à la nuit.
Pour saisir le moment où la lumière et les formes naissent et se développent Gladys Nistor a conçu la projection Broken Space qui crée l’illusion d’un volume noir et blanc suspendu.
Ces minimalismes contrastent avec la suite colorée Fughetta de Quentin Lefranc. Aux antipodes du white cube, elle se compose de quatre caissons lumineux — rouge, bleu, vert et jaune — disposés au sol, qui s’allument alternativement en se reflétant sur les murs.
Paysage du cerveau
La vidéo Brainscape d’Helga Griffiths s’éloigne plus encore du minimalisme. Elle a été filmée sur une maquette 3D composée d’images en haute définition du propre cerveau de l’artiste, préalablement modifiées de façon à simuler un paysage glaciaire. Le cerveau est ainsi comparé à des glaciers, l’un et l’autre capables de stocker des informations séculaires, tout en étant d’une égale fragilité. Brainscape se situe à l’interface du développement humain et de la nature.