La galerie Emmanuel Perrotin accueille trois sculptures de Tony Matelli. Pour l’occasion, le bas des murs a été recouvert d’un papier peint représentant la mer. Au milieu de la pièce, trois autoportraits de l’artiste sont posés sur des rochers. Les personnages sont des mannequins hyperréalistes en silicone. En passant devant la galerie, la vision de ces personnages est trompeuse, mais même de loin on s’aperçoit que les proportions entre la tête et le corps ne sont pas respectées. Bien que les mannequins soient habillés avec des pantalons, des pulls, des chaussures, malgré le souci de réalisme, ces personnages sont carnavalesques et clownesques à la fois, même si ils portent leur regard au lointain, dans une attitude vaguement méditative et romantique.
Les poses reprennent des attitudes de peinture. Dans ses dessins préparatoires l’artiste américain a mis sa photo sur les photocopies d’oeuvres d’un musicien de Watteau, et sur Bonjour Monsieur Courbet. La référence est présente, décalée, ironique, elle se fond dans une facture actuelle. Entre mannequins de cire et mannequins des grands magasins les sculptures sont perdues dans leurs pensées, elles regardent l’horizon, elles sont occupées à un spectacle qui nous échappe, qui nous est refusé.
Tony Matelli
— Rêverie, 2001. Silicone, cheveux, peinture, bois, 285 x 210 x 210 cm.
— Wanderer, 2001. Silicone, cheveux, peinture bois, 285 x 210 x 210 cm.
— Hunter, 2001. Silicone, cheveux, peinture, bois, 165 x 180 x 180 cm.