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Tombeau

Jean-Michel Ribettes évoque le travail photographique de Kimiko Yoshida, auteure d’autoportraits et d’une sculpture de lettres de verre, écho à la pierre tombale, où elle interroge la mémoire et la mort.

Information

Présentation
Kimiko Yoshida, Jean-Michel Ribettes
Tombeau

Tombeau est une installation composée une série d’autoportraits rouges, et d’une sculpture de lettres de verre, en écho à la pierre tombale, au vide, à la disparition.

Kimiko Yoshida, attirée par la sensibilité baroque, explore les moyens de figurer et de se figurer cet art de la séduction et de la profusion, tout en conciliant les contraires : une culture de l’image foisonnante et l’esthétique de la soustraction et du silence, la prodigalité ornementale et le minimalisme concis, l’éloquence ostentatoire et le formalisme strict.

«Cet appel du vertige baroque, qui surprend et séduit, n’est pas moins agissant dans mon art que l’orientation minimaliste du zen et du shinto». Une de ses découvertes décisives fut celle du tombeau du cardinal Antonio Barberini dans l’église des Capucins à Rome : un «monument en négatif, […] l’emblème exact de ce mouvement de l’ostentation insolente dans […] la modestie, l’ascétisme et le renoncement». Cette austère pierre tombale de marbre gris, gravée à l’âge baroque, porte l’inscription «Ci-gît poussière, cendre et» ; elle représente pour l’artiste la «forme claire de l’effacement, l’immatérialité», affirmant «la pure absence paradoxale», qui est aussi précisément le dessein de son art ; ses Autoportraits sont autant d’images de la disparition, faisant apparaître la dissimulation.

Ainsi, cette pierre tombale a constitué le point de départ de ce travail artistique interrogeant les significations de disparition et de révélation, de dissolution et d’épiphanie, poursuivant sa réflexion sur l’effacement et la disparition de la figure. Elle a relevé les dix-huit lettres de l’épitaphe, les a dessinées à la taille de son visage, puis les a faites réaliser en verre soufflé de Murano, rouge, matière fragile et couleur ostentatoire. A côté de cette Tombe de verre, elle a réalisé un Tombeau. Autoportrait photographique : une série de dix-huit photographies, autoportraits rouges tirés à la taille exacte de son visage, où elle figure allongée sur le sol, les yeux fermés. «Chaque lettre de verre devient la pierre tombale qui soumet, littéralement, mon visage à l’instance la lettre.»

Cette installation double questionne l’image de la disparition et l’image comme lieu de la disparition, la signification de l’irreprésentable et l’appréhension de la mort, à travers la mise en scène de l’état d’invisibilité, du vide, de la présence silencieuse.

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