Cette exposition fait écho à l’installation de Tom Sachs place du Trocadéro, qui présente en ce moment à Paris d’énormes sculptures d’Hello Kitty. Mais qui est Hello Kitty ? C’est un personnage anglais, né à Londres dans les années 1970, un personnage de petite-fille qui prend les traits d’un petit chat anthropomorphe vêtu d’une salopette et portant un nœud papillon sur la tête.
Ce petit être étrange est le personnage principal de l’exposition: Tom Sachs l’a d’abord reproduit en carton pâte avant de le couler dans du bronze puis de le peindre en blanc. Ainsi, le visiteur n’aura pas l’impression d’être face à une sculpture de bronze, mais face à jouet géant, dans toute sa légèreté. Tom Sachs utilise la même technique pour reproduire un couple d’oiseaux cartoonesques intitulé Love Birds.
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Tout près de ces sculptures-jouets inaccessibles, trône une petite benne à ordure en bronze (Dumpster). Jouant sur la confrontation des échelles, l’artiste miniaturise la benne à ordure face au jouet géant. De même, la benne est élevée au rang d’objet luxueux parfaitement poli, offrant au regard un aspect doré qui rappelle plus un coffre fort rempli d’or qu’une vulgaire poubelle.
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L’espace principal de la galerie est investi de manière monumentale: une piste de skate composée de deux quarts de cercle en bronze occupe l’espace. Même lorsque la sculpture de Tom Sachs touche à l’abstraction — dans Quarterpipe, la sculpture se réduit à une ligne — elle réfère toujours à un objet réel et surtout à un objet du quotidien, utilisé tous les jours par toute la planète. Cette exposition consacre des objets inanimés et standardisés pour en faire des œuvres d’art.
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Au sous-sol de la galerie, ce sont des batteries de voiture qui sont cette fois empilées les unes sur les autres pour devenir sculptures. A la différence d’un César ou d’un Arman, Tom Sachs semble refuser l’utilisation directe d’objets du quotidien: il passe par le moulage, comme s’il avait besoin de détourner, de dialectiser de manière absolue les objets qu’il fait siens.
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Enfin, la seconde partie de l’exposition intitulée «Gold and Plywood» (Or et contreplaqué) présente cette fois des tableaux-sculptures pour lesquels l’artiste a mis au point une technique particulière mêlant contreplaqué, peinture dorée, résine…
Paradoxalement, ce ne sont pas des références contemporaines qui viennent ici à l’esprit. Non, on pense plutôt à la tradition de la gravure sur bois, on pense à Dürer. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard puisque cette série a été réalisée à partir d’illustrations d’une ancienne édition des fables de Goethe, mettant en scène la vie d’un renard et celle d’un bestiaire des plus varié. Tom Sachs joue ici avec les codes du conte et de la fable — en mêlant par exemple le végétal et l’animal — tout en opposant à cela une réalité bien contemporaine, celle de visses bien visibles plantées au cœur même de la représentation.
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Qu’il mette en scène des personnages de la culture populaire ou des fables de Gœthe, Tom Sachs cherche constamment à s’emparer d’objets et à traiter directement avec la matière.
Tom Sachs
— Quarterpipe, 2008. Bronze. 104 x 178 x 201 cm
— Interstate, 2008. Bronze. 182 x 45 x 50 cm
— Dumpster, 2008. Bronze. 34 x 51 x 46 cm
— Love Birds, 2008. Bronze. 61 x 97 x 40 cm
— Reineke Fuchs: Prisoners, 2008. Plywood, wood, resin, goldleaf, synthetic polymer paint and hardware. 150 x 150 x 11 cm
— Reineke Fuchs: Swans, 2008. Plywood, wood, goldleaf, synthetic polymer paint and hardware. 114 x 154 x 17 cm
— Reineke Fuchs: Ganesh, 2008. Plywood, wood, resin, sysnthetic polymer paint and hardware. 152 x 165 x 12 cm
— Installation, 2008. Place du Trocadéro, Paris
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