Après Metabolism de la tétralogie Invisible Cities de Jean Giloux, la White Box du Centre Wallonie-Bruxelles, espace dédié aux œuvres vidéos, présente une deuxième œuvre : Today is the shortest day of the year but somehow hanging around with you all day makes it seem like the longest, produite par l’artiste belge Saddie Choua, sociologue de formation. Ce triptyque vidéo a été conçu entre 2017 et 2018 dans le cadre du projet de recherche « Perverse Decolonization » (Décolonisation perverse), à l’Akademie der Künste der Welt de Cologne.
Le triptyque vidéo Today is the shortest day of the year de Saddie Choua
L’œuvre de Saddie Choua se compose de trois vidéos qui tournent en même temps sur des écrans disposés les uns à côté des autres. Si les différentes parties peuvent être visionnées indépendamment des autres, elles s’inscrivent in fine dans un même geste créateur.
La première vidéo confronte des extraits de films de propagande nazis créés par la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl, aux images que cette dernière a prises d’un village nubien.
La deuxième vidéo met en parallèle des scènes des films La Noire de… (1966) du sénégalais Ousmane Sembène et 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1978) de la belge Chantal Akerman. Tous deux montrent le quotidien de femmes pauvres – l’une sénégalaise, l’autre belge – contraintes à devenir bonnes et prostituées.
Enfin, la troisième vidéo mêle des images d’une femme thaïlandaise en train de masser un homme, à des coupures de journaux décrivant la mort d’une fillette Kurde de 2 ans, tuée par un policier belge qui tentait d’empêcher des réfugiés de traverser la frontière.
Today is the shortest day of the year : la domination par l’image
En combinant des vidéos d’archives à des extraits de films, Saddie Choua donne à voir la perception de l’Autre dans les médias informationnels et culturels occidentaux: les dynamiques de pouvoir de la société ainsi que la façon dont les stéréotypes véhiculés par l’industrie de l’image contribuent à les renforcer.
Plus largement, Saddie Choua interroge la façon dont les discours médiatiques réduisent les questions sociétales et les luttes contre les oppressions subies par certains individus en de simples « combats identitaires ». Les questions migratoires deviennent ainsi un « problème de choc des cultures », au lieu d’être considérées dans la réalité de leur complexité humaine, sociale et économique.