Cadre contre cadre, l’exposition prend des airs de pellicule photographique déployée, épousant les murs de la galerie. A la suite de l’artiste, on voyage presque sans interruption d’un instantané à l’autre.
Chacun des cadres met en présence une photographie en couleur du paysage désertique prise dans le réservoir de la moto, un cartel avec les conditions de la prise de vue telles que la température et le nombre de kilomètres parcourus, et un plan élargi de la moto en noir et blanc.
La R75/5, de son petit nom «Toaster» à cause de ses deux réservoirs chromés, est la véritable reine du voyage. L’artiste s’efface derrière elle et la met en scène : en plus de donner son nom à l’exposition, elle seule nous apparaît et semble poser devant l’objectif amoureux de Gonzalo Lebrija. Son réservoir est anthropomorphisé en œil et les photographies en couleur semblent témoigner de son «regard» sur le paysage parcouru.
Gonzalo Lebrija propose une idée renouvelée de la photographie de paysage. Ce dernier est donné à voir à travers un double filtre : celui de l’objectif de l’appareil photo et celui du reflet dans le réservoir légèrement bombé, qui provoque une distorsion et donne un aspect nimbé aux images.  Â
Œuvre d’art in absentia, le voyage de Gonzalo Lebrija ne se laisse pas oublier derrière les photographies qui en témoignent. Les cartels nous invitent à vivre à posteriori les conditions du voyage mais plus encore, l’exposition dans son ensemble convoque tout un imaginaire autour de l’aventure virile en solitaire, de la chevauchée exotique dans la poussière et sous le soleil du désert.
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Gonzalo Lebrija
Toaster (de 1/66 Ã 66/66), 2006. Lambda print. 94 x 64 cm.
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