Les artistes Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel dirigent le collectif La Horde, dont le répertoire comprend des pièces chorégraphiques, des films et des performances. Ils travaillent notamment sur les danses développées dans l’ère « post-internet » et sur leurs spécificités : l’apprentissage en ligne, le partage de ses prouesses en vidéos, les battles virtuelles. Leur spectacle To da bone s’intéresse à l’une de ces danses : le jumpstyle.
To da bone : la révolte intime de la jeunesse
Un groupe de jeunes hommes et femmes en jeans, baskets et vestes de survêtement entre en scène. Ils toisent le public, la tête haute et le poing serré. Une colère semble fulminer en eux. Le calme avant la tempête. Puis ils se mettent à sauter en parfaite synchronie, leurs jambes s’élancent dans une danse exaltée, leurs bras vont et viennent dans de grands gestes. Aucune musique ne joue ; ce sont leurs pieds qui battent bruyamment la mesure sur le sol. Chaque fois qu’un cri est poussé par l’un d’eux, le collectif éclate, s’éparpille, avant de se recomposer. Entre temps, un danseur émerge du groupe pour faire un solo. Une musique électro retentit finalement au moment de tirer sa révérence, élucidant le mystérieux titre du spectacle. Il s’agit d’une version amochée de la phrase répétée inlassablement dans le morceau : « I am hard core to the bone ». « To the bone » donne « to da bone » : jusqu’à la moelle.
To da bone : le jumpstyle poussé dans ses retranchements
La danse interprétée s’appelle le jumpstyle, tout comme la musique électro qui l’accompagne habituellement. Elle est rattachée au mouvement Hardcore. Née dans les clubs des années 2000, elle se diffuse grâce à Internet. Les jeunes commencent à la pratiquer dans leurs chambres en regardant des vidéos sur le web puis postent à leur tour le fruit de leurs entraînements. Une séquence de jumpstyle dure en moyenne 25 secondes, en raison de sa forte intensité physique.
Les interprètes de la première version de To da bone (2016) ont quant à eux dansé pendant dix minutes, poussant leurs limites jusqu’à l’épuisement. La deuxième version du spectacle va encore plus loin en prenant la forme d’une pièce chorégraphique d’une heure. Sa narration met en scène des éléments de la culture virtuelle du jumpstyle et explore la part de colère et de révolte retranscrite par ses mouvements.