Pièce pour quinze danseurs initialement créée en 2005 sous forme de quintette dont le titre était To Come, To Come (Extended) se présente donc comme la nouvelle version de cette dernière. Une telle version révisée poursuit et précise à la fois la recherche entreprise par Mette Ingvartsen sur les représentations contemporaines du corps, plus précisément celles désormais omniprésentes dans notre vie quotidienne de la sexualité et du plaisir, thèmes abordés dans de précédentes pièces telles 69 positions et 7 Pleasures.
To Come (Extended)Â : le corps en question
Dans To Come, Mette Ingvartsen s’attachait à analyser les représentations du corps et de la sexualité en s’efforçant de souligner les divers types de rapports des corps les uns avec les autres. Une telle démarche se voulait déjà certainement critique de la prolifération des représentations du corps humain, de leur présence médiatique constante, rendant caduque la distinction entre espace privé et public. Par là , l’intimité individuelle devenue publique s’expose inlassablement, et d’autant plus intensément que chacun peut recourir aux nouvelles technologies. Symptôme significatif du temps, la publicité faite à la pornographie, banalisée, contribuant à dépersonnaliser le rapport au corps et à la sexualité.
Si To Come, précise Mette Ingvartsen, est «un travail assez radical sur les représentations du corps, de la sexualité, et sur la manière dont les représentations sont construites», To Come (Extended) rend nettement sensibles l’effet de dépersonnalisation au travers d’un travail formel sur le rythme, les formes, les sensations et les couleurs.
To Come (Extended)
Intégralement vêtus de combinaisons bleues, les danseurs renvoient ainsi une image abstraite du corps, soulignant la paradoxe auquel nous soumet l’exposition constante du corps humain : sa massive présence médiatique le rend ultimement invisible. To Come (Extended) révèle alors l’influence des images sur nos représentations de l’intimité et son imaginaire en mobilisant quinze danseurs, sans lesquels il ne serait guère possible de faire apparaître la «manière dont ces images sont produites : comment elles fonctionnent, ce qu’on voit quand on les regarde, et ce que ça nous fait». Et le nombre ici importe puisqu’il permet de multiplier les points de vue et suggère la transformation de nos perceptions.