Tianzhuo Chen
Tianzhuo Chen
«Mon travail est baigné de ma croyance en l’immortalité de l’âme. Combinant la peinture et la sculpture, il articule biens de consommation courante et objets fétiches traditionnels. Il se cristallise autour de notions théologiques issues des religions primitives et des objets du quotidien, qui s’efforcent de créer une religion contemporaine et son système symbolique.» Tianzhuo Chen
A travers une imagerie colorée, grotesque et kitsch, dominée par les références visuelles directes à la drogue, à la vague hip-hop queer, à la culture de la rave londonienne, au butoh japonais, au voguing new-yorkais et à l’univers de la mode, les œuvres de Tianzhuo Chen sont intimement liées au constat d’un effondrement des représentations morales et des croyances.
Si les personnages mis en scène par Tianzhuo Chen revêtent un caractère d’étrange familiarité, c’est qu’ils reflètent, en l’exagérant, le ridicule de notre quotidien envahi par les images des célébrités de notre temps. Leurs faits et gestes composent une nouvelle mythologie, s’érigent en de nouveaux systèmes de croyances, dont les adeptes évoluent parfois en adorateurs aveugles.
Pour son exposition au Palais de Tokyo, Tianzhuo Chen conçoit un ensemble d’œuvres inédites, dont une performance avec l’artiste et danseur Beio et le collectif parisien House of Drama. Mêlant peinture, dessin, installation, vidéo et performance, elles intègrent différentes symboliques religieuses à des éléments iconographiques empruntés à plusieurs subcultures urbaines communes à une jeunesse mondialisée.
«L’art transcende les frontières — impossible de parler d’art chinois et d’art étranger. En tant que jeune artiste, ma palette s’inspire d’un monde globalisé, d’éléments de la vie quotidienne que je partage avec des artistes de mon âge dans le monde entier.» (Tianzhuo Chen)
Aussi puissant que dérangeant, son travail semble composer une représentation allégorique, psychédélique et survoltée d’une société contemporaine où la course aux plaisirs charnels croise une tendance généralisée à une pratique opportuniste des religions.
Au milieu des lumières brillantes des néons, le religieux et les systèmes symboliques qui lui sont associés forment l’essence des œuvres de Tianzhuo Chen. Ses récentes performances comme Picnic Paradise Bitch (Bank Gallery, Shanghai, 2014), extrêmement chorégraphiées, s’apparentent à de véritables rituels.
Loin d’une approche statique, sérieuse et distanciée de l’œuvre d’art, l’objectif de l’artiste est d’emporter ses spectateurs dans un monde vibrant de couleurs et d’émotions, proche de l’hallucination, ou de la méditation. En 2013, cinq cent personnes ont participé à son Acid Club dans un entrepôt excentré. Pour Tianzhuo Chen, l’œuvre réside dans l’événement en lui-même, dans la gageure d’avoir rassemblé ces participants une nuit durant pour une fête sauvage dans un endroit particulièrement reculé, tous pouvant dès lors être perçus comme les fanatiques éphémères d’une religion fictionnelle.
Tianzhuo Chen est né en 1985. Il vit à Pékin.
Vernissage
Mercredi 24 juin 2015