Thomas Schütte
Cet artiste allemand, qui a reçu le Prix du meilleur artiste lors de la Biennale de Venise 2005, est l’une des figures les plus importantes de sa génération. Son travail peut être divisé en trois axes importants : l’intérêt pour la figure humaine, les modèles d’architecture et les œuvres sur papier. Son travail se renouvelle constamment et emprunte des formes très personnelles, souvent inédites, comme les «Capacity Men», que l’on a pu voir à la Biennale de Berlin en 2006. Cette œuvre s’inscrit dans une série de trois pièces qui ont été montrées en 2005 au Musée Serralves à Porto dans le cadre d’une exposition personnelle : «Œuvres politiques». En 2006, ses dessins ont fait l’objet d’une rétrospective reprise en trois lieux : au Staatliche Kunsthalle à Baden-Baden (Allemagne), au De Pont Museum of Contemporary Art à Tilburg (Pays-Bas) et au Neus Museum à Nuremberg (Allemagne). Il inaugure en 2007 un projet de sculpture à Trafalgar Square à Londres, «Hotel for the Birds» . Une exposition de ses premiers travaux est également prévue au Henry Moore Institute à partir de septembre.
Pour cette exposition à la Galerie Nelson, Thomas Schütte montre, au rez-de-chaussée, une sculpture inédite composée de membres de «Grosse Geister» (Grands Esprits) empilés les uns sur les autres. Ces grands personnages humanoïdes qui semblent encore en formation, subissent ainsi une nouvelle métamorphose évoquant cette fois l’idée de décomposition. Ce n’est pas la première fois pourtant que des membres de «Grosse Geister» sont utilisés, un torse avait déjà fait l’objet d’une sculpture en 2005.
Toujours dans cette exploration du corps et de la figure humaine, Schütte présente également la dix-huitième et dernière femme sur table de la série. Inspiré par la sculpture traditionnelle de nus féminins de Maillol, Henry Moore à Matisse parmi d’autres, Schütte donne sa vision personnelle en se jouant de ces références. Le socle commun à toutes ces femmes est une table en acier de même dimension qui sert également de cadre où les figures féminines se déforment, débordent, s’écrasent ou se redressent… Un portfolio de gravures montre l’intégralité de cette série et permet ainsi une vision d’ensemble de ce travail sur le corps féminin.
L’intérêt de Thomas Schütte pour l’architecture ne cesse de se confirmer. On peut donc voir, sous la verrière, une nouvelle maquette représentant une construction, intitulée House for a Widow (Maison pour une veuve), de la série des «One Man Houses» (Maisons pour une personne).
Au premier étage, une cheminée grandeur réelle, dessinée par l’artiste, fait suite au mobilier qu’il a réalisé au cours de ces dernières années pour meubler ses «One man Houses», préliminaire à une réalisation architecturale grandeur nature. Schütte joue ainsi, comme à son habitude, sur différentes échelles. Sur les murs, l’artiste présente, pour la première fois, l’ensemble complet de l’édition des douze petites têtes en bronze de la série «Wichte», avec une patine de couleur vive, aux expressions grimaçantes, souvent grotesques. On retrouve ici l’intérêt de Schütte pour la figuration et son goût pour la caricature. On ne peut s’empêcher de penser aux personnages en fimo des «United Ennemies».
Le travail de Thomas Schütte emprunte des formes multiples et variées : sculptures, dessins, maquettes d’architecture, installations. Il développe une réflexion à partir de notions classiques comme la nature, la politique ou le contexte culturel de son époque où s’intègrent les thèmes plus larges de la condition de l’artiste et de ses rapports avec la société. Ses œuvres, quelqu’en soit le thème, possèdent souvent une dimension ironique et critique.