L’artiste écossais Roderick Buchanan met en situation Thomas Muir, un Écossais de la fin du XVIIe converti aux idées démocratiques de la Révolution française.
Au travers d’une salle de classe reconstituée avec tableaux et cartes géographiques, de quelques photos, et d’un panneau en forme de drapeau français, l’homme prend forme et vie : il n’est plus cet illustre inconnu qui a donné son nom à une école dans un village écossais et dont la maison sert de vestiaire à un terrain de football.
Sa présence s’impose à partir de photographies de bâtiments, d’un buste vermoulu, ou de tableaux sombres couverts d’écritures en anglais et en français. L’homme investit l’espace et peuple ces fragments qui sont autant de signes de sa vie.
Cette réhabilitation historique d’un inconnu n’est pas dépourvue d’humour. La démarche documentaire est déjouée par des questions telles que « Pourquoi la moitié des troupes de J.-P. Jones est-elle allée au pub au lieu d’aller détruire les armées britanniques ? », par la tête encadrée du maître fictif installée à côté du tableau, par le drap portant l’inscription « Thomas Muir Help Desk », ou bien encore par la biographie mentionnant le caractère anonyme du personnage.
La recherche semble moins valoir pour Thomas Muir lui-même que pour l’artiste. Très largement méconnu, Thomas Muir est devenu un référent imaginaire, un corps immatériel qui hante les salles de classe écossaises. Dans quelle mesure le mythe construit autour de son identité mystérieuse a-t-elle atteint l’enfant Buchanan ?
Mais la perspective s‘élargit : donnant la parole au défunt, l’artiste convoque le théâtre des absents, ces êtres qui dessinent en creux la personnalité. Qui sont les véritables figures historiques qui favorisent l’inscription dans un ensemble ?
Le Thomas Muir historique, lien entre la France et l’Angleterre pendant la Révolution française, évoqué par le panneau biographique bleu-blanc-rouge, a-t-il plus de poids que celui figuré par la photo du buste vermoulu aux teintes légèrement rosées ?
À partir de son expérience, Roderick Buchanan interroge le paysage intérieur de chacun avec humour et distance. Avec subtilité il s’attache à la valeur des référents imaginaires.
Roderick Buchanan :
— Huntershill. Photo digitale monté sur dibond, fini brillant. 41,50 x 49 cm.
— Bishopbriggs. Photo digitale sur dibond, fini brillant. 40,50 x 59,50 cm.
— The Croppy Boy. Photo digitale sur dibond, fini brillant, pcv, cadre en chêne. 33 x 37 cm.
— Headless statue. Photo digitale sur dibond, fini brillant, pcv, cadre en chêne. 100 x 150 cm.
— Skeleton. 60 impressions digitales format A3. 210 x 354 cm.
— Between this and this : Thomas Muir High School + Turnbull High School. Photo digitale sur dibond, fini brillant. 83,50 x 59,50 cm.
— Thomas Muir Help Desk. Tableau noir.