Les rois de la piste, du chorégraphe Thomas Lebrun, c’est un moment de déca-danse contemporaine. Qui n’a jamais éprouvé une petite nostalgie face à ces glorieuses années passées à enflammer les dancefloors ? Les jeunes. Et ceux qui arpentent encore les dancefloors. Pour les autres, de bals pop’ en boîtes de nuit : la piste de danse garde cette aura particulière des moments à part. Entre cirque et cabaret burlesque, Thomas Lebrun s’en donne ainsi à corps joie, avec un spectacle mettant en piste cinq interprètes — Julie Bougard, Thomas Lebrun, Matthieu Patarozzi, Veronique Teindas et Yohann Têté. Autrement dit, les danseurs du précédent spectacle, Tel quel ! Et sur des sonorités pop et disco, de Cher à Gloria Gaynor, c’est toute la brillance des 80s qui se déploie sur scène.
Les rois de la piste de Thomas Lebrun : du défouloir à la virtuosité, un cabaret allumé
Derrière la fonction sociologique de la danse, notamment dans le processus de séduction, il y a aussi du lâcher prise. Avec des déhanchements grisés, les soirs de fêtes… Avec des déhanchés audacieux, dans la solitude des miroirs. Lorsque le sérieux frôle la satire, l’autodérision n’est jamais loin qui veille. Transformant la piste de danse en exutoire et lieu d’extraversion. Dans Les rois de la piste, Thomas Lebrun fait ainsi apparaître une succession de personnages outrés, aux looks bigarrés, pour des chorégraphies individuelles enlevées. Ça pulse. Défilé de singularités comiques et caricaturales, le défoulement appelle le rire et peut-être même aussi une pointe de jalousie. Se lâcher sur la piste : ne faut-il pas être un roi, ou une reine, pour oser ainsi se défier du ridicule ? Ici, royaux, les danseurs font revivre les tubes pop des folles nuits d’exultation chorégraphique.
Du kitsch à paillettes aux chorégraphies funk et disco : la danse comme exutoire
Il y a le type en costard blanc qui danse un peu comme un skieur guindé, il y a la panthère léopard qui pulvérise les attentes… Avec Les rois de la piste, Thomas Lebrun fait naître rire et tendresse. Le ridicule côtoie le sublime, le beauf décolle sur la piste pour mieux aller décrocher les étoiles. Et qu’il s’agisse d’une boum, d’un dancing ou d’une discothèque : la funk coule à flot. Sorte de cabaret où se succèdent des personnages tous plus perchés les uns que les autres, sur leurs talons aiguilles, le spectacle ranime les petits pas et les moulinets avec les bras. À l’instar de La plus grande petite discothèque du monde de Jean Louis 2000, Les rois de la piste réduit l’espace de danse à un confetti. Et dans un carré de lumière, les protagonistes se succèdent, rivalisant d’audace pour promouvoir le kitsch à paillettes. Un spectacle réjouissant.