L’exposition « Deux sens du décoratif » à Passerelle, centre d’art contemporain de Brest, réunit les œuvres de Jean-Marie Appriou, Ines Doujak, Than Hussein Clark, Thomas Jeppe et Anna Solal dans une tentative de libérer l’art d’une autonomie proclamée, peu à peu devenue une idéologie entravante.
« Deux sens du décoratif » : remettre en question l’autonomie de l’Å“uvre d’art
Le titre de l’exposition évoque les deux significations du terme « décoratif » à savoir, dans un sens général, l’embellissement, et dans un sens plus précis, l’ornemental. Il recouvre dans les deux cas une notion dont s’est volontairement détaché l’art dans son histoire la plus récente, le décoratif étant considéré comme une caractéristique d’œuvres utilitaires, destinées à séduire par le biais d’un attrait sans profondeur, sans goût, sans complexité ni contenu.
L’exposition « Deux sens du décoratif » a pour ambition, non pas de réintroduire le décoratif dans les beaux-arts mais d’utiliser cette notion comme la métaphore d’une opposition à l’idée d’autonomie de l’Å“uvre d’art. Les sculptures, installations, assemblages et peintures des cinq artistes contemporains réunis revendiquent leur rapport à un contexte et à une fonction, ils ne craignent pas d’être utilisés, sans forcément adopter un caractère pratique ou fonctionnel.
« Deux sens du décoratif » : assemblages d’Anna Solal, sculptures de Jean-Marie Appriou, peintures de Thomas Jeppe
Les pièces de la série Shuttles d’Anna Solal, résultent de l’assemblage d’objets de cuisine et de morceaux de tulle vert composant des tableaux aux élégants motifs symétriques. Ils s’inscrivent dans la pratique habituelle de l’artiste qui réalise des compositions évoquant des éléments aériens, tels que des oiseaux ou des cerfs-volants, à partir de matériaux domestiques et urbains, le plus souvent en métal ou en plastique. Un art du détournement et du recyclage qui symbolise l’isolement de l’individu au sein d’un environnement en quelque sorte abstrait.
Les sculptures de Jean-Marie Appriou obéissent également à un principe de réutilisation : celle intitulée The Orphans Of The Sun (Eclipse) et celle intitulée Butterfly, mêlant verre soufflé à la main et quincaillerie, résulte d’une pratique expérimentale entre création et observation au cours de laquelle l’artiste s’inspire des réactions des matériaux pour construire une histoire à partir d’une référence culturelle prenant l’aspect d’un objet de curiosité.