Cette sincérité, à la fluidité joyeuse, donne à ses Å“uvres un rythme évocateur et énergique, qui célèbre la pure sensualité de l’acte de peindre.
Une énergie animiste
Thomas Dreyfuss a souvent fréquenté les Afars, peuple nomade de la corne de l’Afrique, et a découvert à leurs côtés l’hybridation des formes et des idées dans des totems mi-hommes mi-animaux. Tableau emblématique de la collection, Beep beep! représente un basketteur au corps de chien, en plein élan, comme une représentation symbolique et extériorisée de son énergie vitale.
Ce « bricolage assumé », qui tient de l’expressionnisme autant que du simple plaisir d’expérimenter, est une métaphore visuelle, une source condensée de l’indicible. Il offre à la peinture ce que la poésie naïve est à l’écriture : un langage créole, qui se sent plus qu’il ne se comprend.
Migrations
On ne s’étonne pas d’apprendre que Thomas Dreyfuss a d’abord été formé à l’archéologie. On retrouve dans ses Å“uvres une formation en strates, qu’il appelle « Cuts ». Les images se succèdent et s’hybrident, comme poussées par une force géologique irrésistible, où le passé se mêlent avec puissance au présent.
Ses tableaux, par grands aplats de couleurs, ouvrent un large champ d’interprétations, que le titre ne restreint pas toujours. Ainsi, une Å“uvre comme son Horse Kiss suggère une abstraction aux couleurs terreuses barrées de rayons solaires, jusqu’à ce qu’on y cherche une tête de cheval, qu’on finit par trouver, à la manière d’une paréidolie.
Les sens, les couleurs migrent, comme les traditions picturales que l’artiste mêle sans ordre ni hiérarchie sur la toile, important l’art du totem animiste dans un style rappelant celui de Matisse ou Picasso.