Thinair

Communiqué de presse
Régine Kolle
Thinair

Il fait nuit. Une nuit dont la profondeur se fait à la structuration lumineuse des veilleuses de la ville. L’homme qui dort devant nous est beau et tranquille. Il se prénomme Kai.

Le décor nocturne une fois planté, offre une sobriété à la peinture de Régine Kolle, presque tautologique,… un effet de retour de définition en quelque sorte. La présence picturale de l’ensemble est massive, nos paupières se font lourdes et insistantes. L’environnement enveloppe Kai d’une pesanteur monochrome, il n’y a pas d’action, il n’y a plus de motif; ou plutôt il s’agit d’un seul et même motif. C’est un jeune homme calme, les cheveux en paquets de dreadlocks, lui touchent doucement le visage. Pas de vie nocturne ce soir, pour Kai.

Dehors, une population s’active. Le dedans, le dehors, le marcher sur, le jeter contre, sont des repères pour se mouvoir dans ce paysage du concentré et du continu. Le dedans-dehors-marcher sur-jeter contre-rouler fashion ou teenage est la manière d’être de cette population. Mais aucun ne réalise de moyen de transmission.

C’est pas la punkette ou la skateur qui nous contredirons, la maîtresse ou les ballerines.

Kai est plutôt bien où il est, devant nous. Là où il peut être vraiment paisible. Suffisamment. Un lieu où les vibrations sont adéquates. Et où Kai, inactif mais pleinement vivace, nous transmettrait peut-être un savoir secret.
Libéré du motif, un seul et même que rien n’interromprait et qui ne reviendrait jamais sur lui-même. Kai échappe à la population du dehors, il s’inscrit hors du cadre, ce qu’il délivre est entre les lignes de ses actions.
Régine permet pour la première fois peut-être à Kai une indépendance en dehors des chromatismes de situations d’activation normatives : l’astronaute marche dans l’espace, la punkette vomit. Alors, Kai dort dans un lit; mais ce lit lui permet de respirer, de souffler. Thinair, c’est son évasion. Pas besoin d’aller dans l’espace; Kai est un héros un peu fatigué. Paradoxalement, Thinair lui apporte de l’oxygène.
Comme Kai aujourd’hui a pu apporter un supplément d’âme à la population que Régine Kolle écrit, construit en extrusion. Il est le contenu et tous les autres sont le dehors. Thinair, le repère propice à la déconstruction.

Julien Amicel