L’exposition « Ruines particulaires » à La Capsule, au Bourget, présente le travail photographique singulier de Thibault Brunet qui se fonde sur les univers virtuels, qu’il s’agisse des jeux vidéo, des images de Google Earth ou encore de la production d’environnements numériques à partir du réel à l’aide d’un scanner 3D. Pour la série Boîte noire, Thibault Brunet s’est intéressé aux innombrables images provenant de la Syrie en guerre pour construire de nouvelles vues tridimensionnelles de ce territoire en ruines .
« Ruines particulaires » : photographies de Thibault Brunet à La Capsule
Les photographies de Thibault Brunet s’insinuent dans les minces interstices qui séparent le réel du virtuel, la propagande de l’information, l’éthique de l’esthétique. Celles issues de la série Boîte noire sont nées du flot d’images illustrant le conflit en Syrie, un flot ininterrompu que les réseaux sociaux empêchent de hiérarchiser et parfois de décrypter, et qui nous place à la fois du côté de ceux qui captent ces images et de celui du spectateur, en temps réel.
Thibault Brunet, photographe du virtuel
A partir de vidéos collectées sur YouTube puis triées et modélisées en 3D, Thibault Brunet a créé des vues étranges des territoires en ruine. Utilisant un procédé de photogrammétrie, il s’approprie de multiples autres regards et les assemblent pour parvenir à des représentations tridimensionnelles. A mi chemin entre des maquettes, des images de jeux vidéo et des restitutions muséographiques, ces miniatures à l’aspect irréel semblent paradoxalement reconcrétiser des réalités lointaines.
La série Boîte noire reconstitue les ruines syriennes
Les photographies de Thibault Brunet renvoient à la façon dont la documentation de la guerre, à une ère où tous les acteurs, militaires ou civils, sont équipés de caméras embarquées ou d’appareils photographiques, est imprégnée de fiction et de déréalisation. Les images de ruines, atemporelles et déshumanisées, sont propices au brouillage entre le réel et le fabriqué. Une incertitude qui devient le terreau d’une fascination, entre sentiment d’horreur et vision du sublime.