ART | EXPO

There Will Be Better Days

28 Mai - 31 Juil 2009
Vernissage le 28 Mai 2009

A travers la céramique, le dessin, la peinture sur céramique ou la sculpture, les installations d’Eduardo Sarabia tirent leur particularité des associations que parvient à trouver l’artiste entre la culture populaire mexicaine et la pratique critique et satirique de l’art post-moderne.

Eduardo Sarabia
There Will Be Better Days

La galerie Anne de Villepoix présente pour la deuxième fois Eduardo Sarabia, artiste mexicain né en 1979 et travaillant entre Los Angeles, Guadalajara (Mexique) et Berlin (Allemagne).

L’oeuvre d’Eduardo Sarabia s’exprime au travers de la céramique, médium cher à l’artiste qui dialogue avec cet art populaire très présent au Mexique. D’autre part son travail aborde des techniques aussi différentes que le dessin, la peinture sur céramique et la sculpture. Et ses installations tirent leur particularité des associations que parvient à trouver l’artiste entre la culture populaire mexicaine et la pratique critique et satirique de l’art post-moderne.

Pour cette première exposition personnelle montrée à la galerie Anne de Villepoix, Sarabia développe son travail à partir d’une installation forte , « Money Changes Everything » , dont l’humour et l’absurdité nous renvoient résolument à la plus sinistre réalité.

Nous nous situons ici dans un espace paysager figuré par un ensemble de socles à hauteurs variables : là, surmonté chacun d’un précieux vase doré, se tiennent des glacières du groupe Oxxo, une des plus importantes chaîne de supermarchés au Mexique.

Cette combinaison d’objets antagonistes – la céramique noble et la glacière prosaïque en fibre de verre – intrigue autant par son incongruité que par sa signification doublement détournée. La présence des vases peut donner une indication paradoxale sur la nature de ce qui peut ou a pu être déposé dans les glacières : ces totems improvisés de l’ère industrielle renfermeraient-t-ils quelques reliques ?

Reliques, il est vrai, de l’actualité politico-économique dont la violence de l’histoire sordide les dépouille de tout sens et laisse l’artiste mexicain aux prises avec l’absurdité de la réalité et de l’existence.

En effet, Sarabia aborde avec force les problématiques de son époque et nous restitue là, avec le geste consommé de son style ironique et réaliste, la mémoire d’un fait divers de son propre pays : reflet d’un pays rendu exsangue des conflits incessants que se livrent les puissants cartels pour le commerce de la drogue. La découverte récente de têtes de mafieux décapités dans des glacières Oxxo est ici rejouée dans une réflexion hautement critique et ironique.

Ainsi l’artiste nous invite à cette réflexion toute d’actualité, en ouvrant l’exposition par une série de dessins dans la première salle. C’est aussi enfin l’occasion d’apprécier un ensemble de peintures de l’artiste, provenant d’une exposition au Lacma et à la Galerie La Louver (Los Angeles), présenté ici dans la dernière salle. Comme Tainted Memories 2 où il s’agit d’une photographie d’une amie de l’artiste, dont la signification ordinaire devient, d’un coup, terrain de parasitage et de censure : par des taches de peinture désinvoltes, l’artiste désigne encore avec humour l’absurdité et le non-sens de ce qui peut nous arriver dans notre semblant de quotidien.

Vernissage
Jeudi 28 mai. 18h.

Project room
Marc Turlan
Re use – I do

Le travail de Marc Turlan est le prolongement d’une recherche engagée depuis 2007 et présentée à la Villa Noailles de Hyères dans son exposition « Manque » puis « Manque 2 » à la Galerie des Galeries Lafayette dans le cadre de « Hyères encore ».

L’artiste utilise ici des magazines et les transforme en sculptures. Catalogues d’images en deux dimensions, il révèle leur caractère d’objets en trois dimensions par différentes interventions. Découpes en profondeur au cutter, fins entrelacs dessinés, excroissances de billes d’acier, masques blancs en résine sur les visages…

Si par ces interventions, les magazines réutilisés prennent une autre vie, il s’agit d’une « toute autre vie » dans laquelle leur rôle immédiat de promotion de produits de consommation est relégué à l’arrière plan pour privilégier la vision d’un monde étrange.

Pour la série présentée dans la galerie d’Anne de Villepoix, Marc Turlan a choisi les yeux comme fil conducteur. Ils se montrent, ils prennent toute la place, ils mangent les visages, ils regardent.

Marc Turlan a exposé au centre d’art de la Valette du Var, le Moulin en 2008. Son exposition « Dès lors tout reste à faire » mettait en scène des processus de fabrication de pierres recouvertes de latex. Les pierres perdaient ainsi leur caractère « naturel » pour devenir des objets lisses, presque soyeux et inquiétants. Toujours en 2008, Christian Lacroix lui a donné carte blanche pour son exposition d’Arles et offert une salle du musée Réattu. Différents travaux, des pierres, des tapis de caoutchouc, une vidéo reprenaient un seul mot, gravé, extrudé : merci.

Le travail de Marc Turlan va « voir derrière » ce que l’on nous présente comme le monde réel, avec patience, voire obstination. S’il y a message, c’est au visiteur de le construire. Le travail n’est ni démonstratif ni littéral. Il décale le réel et le réel décalé en tension, revient au désir.

critique

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