Cent images qui s’assemblent comme un road movie évoquant le voyage, le long défilé de la route, l’asphalte comme la poussière du désert. Dans les années 50, Bernard Plossu voulait devenir cinéaste, il en a gardé une culture visuelle étonnante, notamment pétrie des films américains dont il semble ici rechercher les fantômes.
Les tirages en noir et blanc, l’unité des formats comme de l’encadrement ajoute à cette impression d’un film en image arrêtée. C’est une fille blonde en short accrochée à son flipper, une voiture américaine chromée remplie de jeunes gens, une belle de nuit à peine accessible dans le noir de la ville.
Les photographies sont datées de 1970 à 1985, et Bernard Plossu semble confronter le mythe américain à sa réalité, à la manière de Wim Wenders dans Paris, Texas. Ce n’est pas la grande métropole qu’il montre, mais l’isolement, la banlieue et surtout l’étrange lumière du nouveau Mexique et de l’Arizona.
Un éclat particulier qui dessine sur papier les formes de l’architecture, celle d’un cinéma au style 1930 revisité façon science-fiction, d’un snack à l’enseigne farouchement typée années 60 et si décalé dans un paysage immobile de silence.
Et puis toujours la route, la route et ses camions, dont celui-ci surpris dans le rétroviseur, comme encastré dans le véhicule du conducteur. Une des rares photographies en couleur (Fresson) représente un bord de route sous la pluie, image brouillée particulièrement picturale qui mêle poteau électrique, phares. Ici, tout ce qui roule semble se transformer en masses mouvantes.
Mais Bernard Plossu préfère la chaleur du désert et du Nouveau Mexique. Là, il isole, une ou deux personnes, chapeaux de cow-boy en paille pour tête d’indien qu’il juxtapose à des décors lisses et structurés, des rues de villes désertes. Et c’est du silence qu’il nous donne à voir. Une distance pleine de retenue et sans pathos. L’émotion qui émane de ses photographies est une émotion intériorisée, les photographies de Bernard Plossu brillent par leur discrétion.
Au deuxième étage, la série se fait sur des formats plus petits, mais c’est la même sérénité de l’image qui est à l’œuvre, dans ces paysage en particulier des déserts. Désert de sable ou de cailloux dont le ciel prend vie avec le vol d’un oiseau. Et là, une photographie très particulière de son Nikon pris dans l’objectif un soleil couchant sur une longue route droite. Son titre? The Road. Un parfait résumé pour ce voyeur voyageur.
Informations
— Visite privée avec Bernard Plossu à la Galerie Le Réverbère le 4 novembre 2010
— Bernard Plossu expose aussi à la Maison du livre, de l’image et du son (Villeurbanne (247, cours Emile Zola, T. 04 78 68 04 04).
Titre: «Un mur blanc pour Bernard Plossu» (9 sept.-30 oct. 2010, mardi au vendredi,14-19h)
— Bernard Plossu et Françoise Nunez exposent ensemble au Musée des Moulages (Université de Lumière Lyon, 23, rue Rachais. 69003, T. 04 72 84 81 12)
Titre: «Ensemble» (5 nov.-4 déc. 2010, mardi-samedi, 14-19 h)
— Bernard Plossu, The Road, Arizona, 1980. 24 x 30 cm. Photographie noir & blanc
— Bernard Plossu, Los Angeles, 1979. 24 x 30 cm. Photographie noir & blanc
— Bernard Plossu, Arizona, 1983. 24 x 30 cm. Photographie noir & blanc
— Bernard Plossu, Big Sur, Californie, 1980. 24 x 30 cm. Photographie noir & blanc
— Bernard Plossu, Mexique, 1981. 24 x 30 cm. Photographie noir & blanc
— Bernard Plossu, Phoenix, Arizona, 1983. 24 x 30 cm. Photographie noir & blanc
— Bernard Plossu, Mont Ajo, Arizona, 1980. 24 x 30 cm. Photographie noir & blanc