L’exposition « Le théâtre de l’esprit » à la Flair Galerie, à Arles, présente une quinzaine de photographies de Roger Ballen réalisées de 2000 à 2008.
Roger Ballen met en scène le théâtre de l’esprit
Alors que Roger Ballen présente dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles, une installation/exposition inédite intitulée The House of the Ballenesque, son travail photographique est dévoilé à travers une sélection d’environ quinze clichés glanés dans sa production de 2000 à 2008. Oniriques autant que morbides, les œuvres du photographe sud-africain suscitent un sentiment d’étrangeté où l a fascination se double d’un rejet.
Les photographies de Roger Ballen explorent les zones d’ombre de l’Afrique du Sud autant que de l’esprit humain. Hantées par des corps déformés, des animaux vivants ou morts, parfois empaillés et des objets hétéroclites, elle affirment une esthétique crasseuse et chaotique qui repose sur un fort symbolisme. L’homme y est confronté à l’animal, à sa propre condition et à sa mort.
Fidèles à un format immuable, celle d’un simple carré et d’un sobre noir et blanc, les photographies de Roger Ballen ont tiré d’une première période passée à capter des intérieurs des petites villes sud-africaines la matière d’un travail qui transforme la matière documentaire et la critique sociale en métaphores du monde spirituel pour aboutir à une « fiction documentaire ». Les photographies réalisées par Roger Ballen à partir de 2000 marquent un tournant : les séries Outland, réalisée en 2000, et Shadow Chamber, réalisée en 2005 ont pour protagonistes les individus marginaux qu’il avait auparavant photographiés sous un angle documentaire. Ils deviennent alors les acteurs de saisissants psychodrames.
Roger Ballen, photographe de l’animalité de l’homme
Les plus récentes séries Boarding House et Asylum of the Birds illustrent un renouvellement de la pratique de Roger Ballen. Celui-ci n’hésite plus à mêler d’autres médiums comme le dessin, la peinture, le collage et même des techniques de sculpture à la photographie pour mettre en images des scénarios où les gens sont remplacés par des poupées ou mannequins, entiers ou fragmentés et où des animaux occupent le rôle principal mais imprévisible. La limite entre rêve ou fantasme et réalité devient plus trouble.