Michael Landy
Theater of Junk
Espace II
La Galerie Nathalie Obadia présente, pour la première fois en France, l’oeuvre de l’artiste anglais Michael Landy, avec son travail intitulé H.2.N.Y. Ce travail s’articule entièrement autour de la performance de l’artiste suisse Jean Tinguely Hommage à New York, au cours de laquelle la machine construite dans les jardins du Museum of Modern Art (Moma), par l’artiste, devait s’autodétruire en 27 minutes (1960).
Fasciné par l’œuvre de Jean Tinguely depuis la découverte de sa rétrospective à la Tate Gallery de Londres, en 1982 ; Michael Landy va passer deux années à se documenter et à faire des croquis au fusain, à l’huile, à la colle et à l’encre, à partir des recherches effectuées au Musée Tinguely à Bâle, et au Moma de New York. Par un travail intensif, Landy va essayer de recapturer l’essence de l’événement, de le désarticuler, de le faire revivre. Ce qu’il a fait avec H.2.N.Y est une sorte d’hommage de l’Hommage à New York de Tinguely.
Ce qui est essentiel dans l’œuvre de Michael Landy et de ses projets artistiques est que lorsqu’il décide de mettre en action une idée il va jusqu’au bout, entêté, provocateur et ludique.
Diplômé du Goldsmith College de Londres, Michael Landy appartient à la génération de Yba (Young Britsh Artists) comme Damien Hirst, Gary Hume, Sarah Lucas, Fiona Rae. Michael Landy se démarque en 2001 avec son installation monumentale Break Out. Elle prend son point de départ dans l’idée de répertorier l’intégralité de ses possessions, de les cataloguer puis de les classer par catégories jusqu’à ce que tout ait été identifié. Une équipe d’ouvriers va ensuite procéder au démantelage méthodique de chaque élément.
Michael Landy est un artiste très original qui fait partie de ceux qui remettent sans cesse en question l’essence et le devenir de l’œuvre d’art. Dans ce sens, Landy se trouve dans la logique lignée de Marcel Duchamp dont les ready-made soulevaient la question de l’œuvre d’art à l’aube de l’ère fordiste ; il la soulève à nouveau à partir des nouvelles modalités productives qui caractérisent le capitalisme contemporain*.
La série H.2.N.Y se compose des dessins en noir et blanc reconstituant l’événement Hommage à New York (noir comme la fumée noire crée par l’explosion de la machine…) et trois vidéos sont présentées en boucle sur l’écran d’une vieille télévision Sony Trinitron : l’une est un documentaire de l’artiste, les deux autres sont respectivement de D.A Pennebaker et de Robert Breer.
Comme Marcel Duchamp et Michael Landy, Jean Tinguely fait partie de ces artistes qui provoquent et critiquent par le biais du « jeu ». En fabriquant lui-même, à partir de matériel recyclé, des machines grinçantes, cahotantes et vouées à la destruction, il refuse la production systématique de l’objet manufacturé.
Si Marcel Duchamp lance le défi de la « fin de l’art », Jean Tinguely puis Michael Landy, chacun avec leur méthode et leurs moyens, nous montrent que tout objet a une fin.
La Galerie Alexander & Bonin (New York) a exposé les oeuvres de la série H.2.N.Y en 2007 et a publié à cette occasion, en collaboration avec la galerie Thomas Dane (Londres) un catalogue avec un texte de Barry Schwabsky.