L’exposition «Theater of Disorder» présente à la galerie Gourvennec Ogor de Marseille le travail conjoint de Martine Feipel et Jean Bechameil. A travers des dessins, sculptures et installations, ce «théâtre du désordre» met en scène des objets représentatifs de la modernité.
Déconstruire la modernité familière
Parsemant le sol, des reproductions à grande échelle de divers éléments mécaniques tels qu’une roue d’engrenage offrent la vision d’une machine disloquée et abandonnée. La complexité de son agencement est devenue vaine et ses accomplissements potentiels sont renvoyés à l’inutilité de ses composants une fois isolés. Les objets archaïques sur lesquels repose notre âge moderne sont ici démantelés, mis en pièces et finalement investis, élément par élément, de nouveaux mouvements. Les œuvres de Martine Feipel et Jean Bechameil s’approprient la complexité qui caractérisent les machines actuelles pour mieux déconstruire la modernité familière.
Une réinvention par le biais de la robotique
L’ambitieuse structure des appareils hi-fi et des carrosseries de voiture est mise en perspective. Le processus de déconstruction auquel ils sont soumis ouvre la voie à une nouvelle mise en forme. Par le mouvement, les éléments dissociés se voient réinventés. Ils se plient à une chorégraphie du désordre orchestrée par le biais de robots qui leur insufflent une nouvelle vie. Ainsi, la logique mécanique qui présidait à la première phase de la modernité est sapée et détournée par les principes qui peu à peu la remplace : ceux de l’automatisation et de la robotique.
Les formes les plus familières de la modernité perdent sous nos yeux leurs fonctions habituelles pour se fondre dans des activités encore inédites. Ils renvoient ainsi en miroir notre propre confrontation à la nouvelle ère technologique qui s’annonce. Le démembrement de ces outils quotidiens et leur réactivation sous des formes inconnues font écho aux nouvelles interactions que nous allons devoir établir avec les objets.
Une mise en garde contre les dangers de la technologie
A travers l’exposition se dessine une interrogation sur les conséquences de l’évolution des technologies. Le théâtre désordonné imaginé par Martine Feipel et Jean Bechameil alerte sur un futur où la notion de progrès a cessé d’être un enjeu social et politique pour être entièrement accaparé par quelques entreprises. De la même façon, le travail du duo met en perspective l’intelligence artificielle, le potentiel d’autonomie des machines et le danger qu’ils représentent.