L’exposition « Amalgam » au Palais de Tokyo, à Paris, première exposition personnelle dans un musée français de l’œuvre pluridisciplinaire de Theaster Gates, dévoile son nouveau projet autour des histoires sociales des migrations et des relations interraciales. On découvre à travers lui le travail de cet artiste américain qui tend à relier l’art et la vie à travers une pratique abordant la peinture, la sculpture, la céramique, la vidéo, la performance ou encore la musique. Artiste mais aussi curateur, médiateur et urbaniste, Theaster Gates s’emploie à impulser des engagements sociaux et des changements politiques, à créer des communautés culturelles et à générer d’ambitieux projets de rénovation urbaine.
« Amalgam » de Theaster Gates, une expo de la saison « Sensible » du Palais de Tokyo
Se déployant en quatre parties (« Autel », « Institut de la modernité et département du tourisme de l’île », « Danse de Malaga » et « Si amère, cette malédiction des ténèbres »), le parcours traverse un récit non linéaire dont le point de départ est l’histoire de l’île de Malaga, dans l’État du Maine, aux États-Unis. Après que le gouverneur de cet État a décidé, en 1912, l’expulsion de Malaga de sa population la plus pauvre, condamnée à l’errance, la dispersion et parfois à l’internement, le nom de l’île devint un marqueur négatif, une stigmatisation. L’île demeura ensuite inhabitée et la nature en a repris possession.
Theaster Gates explore l’histoire des relations interraciales
Le titre de l’exposition, « Amalgam », est à la fois presque l’anagramme de Malaga et un terme technique qui fut utilisé pour désigner les mélanges raciaux, ethniques et religieux. Theaster Gates, lui ajoute une autre signification en en faisant le reflet de sa démarche qu’il a poussée vers de nouvelles explorations conceptuelles et formelles. L’ensemble qu’il a conçu par Theaster Gates, associant sculpture, installation, texte, musique et danse, se veut être un rappel, un hommage, autant qu’une question ouverte.
Mêlant terre et lumière, il s’inscrit dans la nouvelle saison du Palais de Tokyo intitulée « Sensible » qui a pour fil rouge la matière instable, les mouvements incertains, les bouleversements imprévisibles du système chaotique qu’est notre monde. En se fondant sur un épisode précis de l’histoire américaine, Theaster Gates explore les questions plus larges de l’asservissement des noirs, de la domination sexuelle impériale et du mélange racial.