Yvonne Rainer
The Yvonne Rainer Project. De la chorégraphie au cinéma
Reconnue pour sa contribution à l’histoire de la nouvelle danse autant que pour sa trajectoire de cinéaste expérimentale, Yvonne Rainer, née en 1934 à San Francisco, est indéniablement liée aux avant-gardes des années 1960 et 1970. Son œuvre explore l’équilibre entre la vie privée et la sphère publique, de même que les questions de genre, de relations humaines et de performance.
Le cycle présenté au Jeu de Paume fait partie d’un vaste projet dédié à Yvonne Rainer, qui est présenté à Paris cet automne. Celui-ci comprend également l’exposition «Lives of Performers» au Centre d’art de la Ferme du Buisson et le colloque «Nexus Rainer» au Palais de Tokyo.
La programmation du Jeu de Paume vise à montrer le rayonnement de cette grande artiste américaine de façon kaléidoscopique. Le cycle présente la transition courageuse de l’artiste, son passage de la chorégraphie au cinéma et les enjeux esthétiques et politiques auxquels elle s’est confrontée dans une période de changements sociaux radicaux. Après avoir exploré des idées révolutionnaires en chorégraphie, elle s’est attachée à faire du cinéma de façon novatrice. La performativité, le genre, les enjeux politiques de l’art, l’interdisciplinarité et les questions esthétiques qui en découlent sont au cœur de son travail.
Le travail d’Yvonne Rainer s’inscrit dans l’histoire de l’Amérique des années 1960, quand elle devient active dans le milieu artistique, jusqu’à avoir de fortes résonances aujourd’hui. Son impulsion créatrice se réfère au contexte sociopolitique de son temps, marqué par de grands bouleversements idéologiques faisant écho aux valeurs de l’après-guerre. Il est donc important d’explorer le travail de Rainer et l’environnement dans lequel elle a œuvré afin de mieux comprendre les liens entre sa vision innovante de l’art et ses propres expériences sociales.
Yvonne Rainer a été influencée par des artistes de la Côte-Ouest californienne avant de déménager à New York et de rejoindre la scène du Soho, très vivante de l’époque. Elle s’est ainsi trouvée proche des nouveaux développements en danse, en musique, comme en arts visuels, spécifiques des années 1960 et 1970. Ce cycle cherche à montrer comment ce contexte très riche a pu la soutenir et l’encourager dans son désir de passer de la chorégraphie au cinéma.
S’inspirant de cette transition d’une discipline à l’autre qui a permis à Yvonne Rainer de développer ses idées artistiques différemment, la programmation du Jeu de Paume montre les divers aspects de son travail en danse et en cinéma, dans ses films et les captations qui ont pu être réalisées par d’autres de son travail de chorégraphe et de performeuse. Sont également montrés des films d’artistes et de cinéastes qui faisaient partie de son entourage, à l’époque où son propre travail de cinéaste a pris son envol. Des films et vidéos d’Andy Warhol, Bruce Neuman, Peter Greenaway, Vito Acconci, Richard Serra, Michael Snow et Hollis Frampton ponctuent ce programme, où les figures de Maya Deren, Babette Mangotte, Samuel Beckett et John Cage sont également évoquées.
«De la chorégraphie au cinéma» accueille les démarches artistiques contemporaines à travers le travail de Yael Bartana, Samuel Beckett, Geneviève Cadieux, John Cage, Mircea Cantor, Maya Deren, Köken Ergun, Maïder Fortuné , Hollis Frampton, Michel François, Laurent Goldring, Marc Johnson, Sonia Khurana, Florence Lazar, Babette Mangolte, Bea McMahon, Bruce Nauman, Natacha Nisic, Lili Raynaud-Dewar, Anri Sala, Richard Serra, Michael Snow et Andy Warhol.
Cette autre partie du cycle s’articule autour de la réception à l’heure actuelle du travail d’Yvonne Rainer par des artistes visuels dont le médium est le film et la vidéo, et par des chorégraphes. Sur le plan performatif, les chorégraphes contemporains trouvent chez Yvonne Rainer une artiste qui demeure précurseur de leurs recherches. «The Yvonne Rainer Project» souhaite également rendre compte de ce lien intergénérationnel relatif au travail sur le corps et l’image en mouvement, tel qu’il se pratique aujourd’hui.
Chantal Pontbriand