Raphaël Boccanfuso, Baptiste Debombourg, Henrik Plenge Jakobsen, Yann Toma et Zevs
The Wealth of Nations
Une proposition de Romain Torri
Cinq artistes qui entretiennent régulièrement un rapport incestueux avec l’économie et son organisation sociale.
L’exposition The Wealth of Nations propose une vision critique et décomplexée de cette cohabitation qui apparaît davantage ici comme un vecteur idéologique que comme un état des lieux.
Selon Yann Toma (né en 1969), artiste entrepreneur, la pratique artistique répond à une nécessité de production. La reprise ainsi que la réactivation artistique de l’entreprise Ouest-Lumière, avatar d’un modèle économique existant, s’inscrit dans un mouvement global épousant les notions de gratuité et de responsabilité. Directeur de recherche à l’Université de Paris, il initie le programme Art & Flux qui par une approche critique et scientifique rend compte des relations entre l’art et l’économie ainsi que des démarches artistiques incarnées par « les entreprises critiques ».
Raphaël Boccanfuso (né en 1964) entretient un rapport conflictuel avec le cadre juridique qui régit la notion de droit d’auteur. Tour à tour falsificateur ou trublion dans une société de contrôle par l’image, il parvient à se déjouer d’une législation qui l’encombre. Avec les collages de la série Savoir disposer des couleurs présentés dans l’exposition « The Wealth of Nations », Raphaël Boccanfuso détourne les mentions légales obligatoires liées à la reproduction d’oeuvres d’art en manipulant les compositions de certains chef d’oeuvres de l’histoire de l’art.
Pour sa première collaboration avec la Galerie Patricia Dorfmann, Henrik Plenge Jakobsen (né en 1967) propose une installation qui fait la part belle à deux théories économiques antagonistes. Adepte de l’humour et de la dérision, il orchestre le lancement fictif de The Wealth of Nations par Adam Smith et du Capital de Karl Marx en mettant en scène la réserve d’un éditeur et ses ouvrages fraîchement publiés.
Baptiste Debombourg (né en 1978) développe une recherche dans le champ élargi de la sculpture. Citant volontiers Robert Venturi, historien de l’architecture dite « publicitaire » (ref. Learning from Las Vegas), il crée le plus souvent des oeuvres conceptuelles dont l’équilibre précaire repose sur une culture de masse servie par une rhétorique de la performance. Il s’intéresse à notre usage des objets du quotidien, à leur fonction, jusqu’aux différents modes d’appropriation dont ils sont l’objet (customisation, tuning). Dans l’exposition « The Wealth of Nations », les oeuvres de la série La Redoute illustrent la migration de l’outil de vente par correspondance (catalogue La Redoute) vers un objet à relief topographique qui se suffit à lui même.
En procédant à des attaques visuelles dans l’espace urbain, Zevs (né en 1977) met à mal certaines icônes publicitaires et se réapproprie ainsi un espace public sans cesse privatisé par les grandes marques. Dans l’exposition « The Wealth of Nations », c’est un autre symbole fort de l’économie qu’il détourne, l’€. La peinture murale Liquidated Currency placera notre monnaie au centre du débat.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Céline Piettre sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
The Wealth of Nations