Olafur Eliasson, Katharina Grosse, GuytonWalker, Albert Oehlen, David Reed, Anselm Reyle, Dirk Skreber, Josh Smith, Peter Zimmermann
The slide show
C’est en 2006, après quatre ans d’existence, que la marque de skateboards Mekanism a imaginé son premier projet artistique en invitant l’artiste allemande Katharina Grosse à travailler directement sur des planches de skateboards vierges. Cette première collaboration constitue un tournant dans l’histoire de la marque qui rapidement décide de cesser son activité première pour se consacrer exclusivement à la création de skateboards en séries très limitées confiées à des artistes de grande renommée. Depuis, à raison d’une à deux créations par an, ces cartes blanches ont permis à Olafur Eliasson, Albert Oehlen, Anselm Reyle, GuytonWalker, Josh Smith, David Reed, Peter Zimmermann ou Dirk Skreber d’inventer des œuvres à partir d’un support commun, engageant à la fois la question de la différence entre un art dit «majeur» et un art qualifié de «mineur», qu’impliquant une réflexion sur la symbolique même de l’objet skateboard.
Depuis de nombreuses années, ces artistes contemporains ont été influencés dans leur travail par la rue, sa culture et ses codes. La marque Mekanism a pour sa part décidé d’aller exactement dans la direction opposée en invitant des artistes établis qui n’avaient jusqu’alors absolument aucune connaissance du skateboard, ni aucune connexion avec ce milieu, à travailler sur des skateboards. Ces artistes ne sont pas seulement étrangers à un tel monde, ils proviennent souvent d’une génération différente de ceux associés à cette pratique.
Dans le processus s’insinue une contradiction et une ambiguïté: un public jeune a la possibilité de découvrir sur un objet qu’il connaît le travail d’un artiste dont il n’a peut-être jamais entendu parlé et, d’un autre côté, les amateurs d’un artiste contemporain peuvent percevoir son travail sous un nouvel angle dans la mesure où ils ne s’attendaient pas à le voir travailler sur un tel support. En dernière instance, la découverte la plus intéressante qui puisse naître d’une telle rencontre est de pouvoir déterminer si nous sommes en présence d’une œuvre d’art ou toujours d’un skateboard.
Fred Maechler