Terry Richardson
The Sacred and The Profane
«The Sacred and The Profane» dévoile une série de nouvelles photographies de Terry Richardson réalisées ces deux dernières années dans les Etats du Grand Ouest américain. A l’origine, le projet est né de la volonté de documenter les coutumes estivales américaines, telles que les foires, les festivals ou les parades.
Au cours de ses voyages, Terry Richardson s’est rapidement aperçu de la tension que révèlent les images entre l’omniprésence du mystique et du religieux et l’industrie du sexe, devenant le motif essentiel de la série. «D’une part, on a l’impression d’être cernés par la violence, la solitude et surtout le sexe, alors que de l’autre, la promesse du Salut, de l’amour de Jésus et de la crainte de Dieu ne sont jamais bien loin.»
Rapidement, Terry Richardson s’est beaucoup plus intéressé à la relation complexe entre les désirs et les peurs, la beauté et la vulgarité, la splendeur et l’horreur de la nature, l’espoir que la religion peut engendrer, et la honte aussi.
L’artiste raconte: «Depuis que John Winthrop a quitté l’Eglise d’Angleterre pour le Nouveau Monde en emmenant un groupe de séparatistes puritains avec lui, l’Amérique entretient une relation hautement anxiogène avec les notions de pureté et de transgression. Les Puritains croyaient que le péché d’une personne était symptomatique d’un fléau touchant toute la société.
Dans les premières colonies, les transgressions étaient considérées comme des affaires publiques, et les coupables étaient contraints de défiler au vu et au su de tous les habitants de la ville. La honte devait être vécue en public, comme le célèbre personnage d’Hester Prynne, la femme adultère condamnée à porter à vie la lettre « A » brodée sur la poitrine. Ses péchés et ceux de tant d’autres étaient exhibés aux yeux de la société en guise d’avertissement et de mesure éducative.
Les sermons prononcés à l’église et les rubriques judiciaires des journaux rapportaient ces transgressions de manière spectaculaire et excitaient leurs publics en leur présentant ces aperçus du péché comme autant d’outils de maintien de l’ordre social et religieux.»
Pour Terry Richardson, il est évident que des siècles plus tard, la société américaine conserve encore en grande partie ces vestiges profondément enracinés par leurs ancêtres puritains. De la peur hystérique de la sexualité qui a conduit aux procès des sorcières de Salem, à la Prohibition, aux Blue Laws intimant le respect du repos dominical ou à la création de la Westboro Baptist Church, l’Amérique semble à bien des égards obsédée par le péché, plus que tout autre pays au monde.
L’artiste souligne que depuis toujours, péché et sainteté dépendent l’un de l’autre pour survivre. Même si l’exploration de telles questions ne constitue pas le point de départ de cet ensemble photographique, Terry Richardson ne pouvait pas ignorer la répétition de ces thèmes. Partout où il allait, des fanatiques lui rappelaient que Jésus l’observait, que ceux qui ne vont pas à l’église sont condamnés à brûler en enfer, que les Dix Commandements sont bien réels et à prendre très au sérieux.
Mais parallèlement, l’artiste constate l’omniprésence de sex-shops, de clubs de striptease et de pornographie. On peut également facilement s’acheter une arme à feu presque partout dans le pays. Pour lui, la pauvreté, la bigoterie, l’ignorance et la haine se sont généralisées à travers la société, en particulier dans les lieux dominés par le fanatisme.
Terry Richardson est né à New York en 1965. Il s’est imposé comme l’un des photographes les plus éminents de la scène underground New Yorkaise des années 1990. Précurseur de la vague porno chic qui a submergé l’industrie de la mode dans les années 2000, il s’est forgé un style sulfureux à base de nus cocasses et de gros plans explicites.
Vernissage
Samedi 7 mars 2015 Ã 16h